Nos premiers ancêtres habitaient pour la plupart sur la côte Nord du Labrador, qu’ ils parcouraient de long en large pour profiter des ressources de la terre et de la mer. Pendant des millénaires, ils n’ ont eu aucun contact, ou presque, avec les cultures européennes.

Dans les années 1760, des missionnaires moraves venus d’ Allemagne ont été les premiers Européens à se rendre au nord du bras Hamilton. Sous leur influence, et surtout leur désapprobation, les Inuits ont commencé à changer leur mode de vie communautaire et semi-nomade. Les missionnaires ont aussi apporté des maladies qui ont malheureusement peu à peu décimé la population inuite. Au fil du temps, le mode de vie des Inuits s’ est lié de plus en plus à l’ économie commerciale naissante de Terre-Neuve et du Labrador, puisque les Inuits étaient souvent des trappeurs et des pêcheurs.

Toutefois, la fin de la traite des fourrures dans les années 1920 est venue troubler davantage l’ économie et l’ équilibre social. La Compagnie de la Baie d’ Hudson et la Commission de gouvernement de Terre-Neuve ont pris le contrôle des magasins de fourrures et des poissonneries des missionnaires moraves, sans trop de succès. Lorsque la province de Terre-Neuve-et-Labrador s’ est jointe à la Confédération canadienne en 1949, l’ Église morave, la mission Grenfell et le gouvernement provincial ont suspendu les services dans les localités nordiques de Hebron, Okak et Nutak, sous prétexte qu’ il était trop dispendieux de desservir des villages aussi petits et éloignés. Les résidents ont été délocalisés de force un peu partout dans le Labrador; le traumatisme de ce déplacement se fait d’ ailleurs encore sentir aujourd’ hui.

Le parcours des Inuits du Labrador vers un gouvernement autonome a nécessité des efforts assidus de la part de nombreuses personnes dévouées, et ce, durant plusieurs décennies. À ce jour, il s’ agit de l’ un des faits les plus marquants de notre longue histoire, et l’ un de ceux dont nous sommes les plus fiers.

La Labrador Inuit Association (LIA) a été créée en 1973 pour promouvoir la culture inuite, améliorer la santé et le bien-être du peuple, protéger ses droits constitutionnels, démocratiques et humains, et faire des revendications au nom des Inuits du Labrador auprès des gouvernements du Canada et de Terre-Neuve-et-Labrador. En 1977, la LIA a amorcé le long parcours vers l’ autonomie en présentant aux gouvernements fédéral et provincial des revendications sur les terres et la glace de mer du Nord du Labrador. Pendant les 30 années qui ont suivi, des négociateurs ont ainsi milité, au moyen de ces revendications, pour la réalisation de leur rêve : l’ autonomie gouvernementale pour les Inuits du Labrador. Ce rêve s’ est concrétisé le 6 décembre 2004, jour où le gouvernement provincial a adopté la Loi sur l’ Accord sur les revendications territoriales des Inuit du Labrador, qui a jeté les bases du gouvernement du Nunatsiavut, formé le 1er décembre 2005.

Cet accord a créé un précédent, car c’ était la première fois que des dispositions sur l’ autonomie gouvernementale étaient intégrées à un accord sur les revendications territoriales. Le Labrador est la première région inuite du Canada à avoir obtenu l’ autonomie, ce qui fait la fierté de tous les Inuits qui y vivent. En tant qu’ administration inuite régionale et autonome, le gouvernement du Nunatsiavut continue de définir de nouvelles normes en matière d’ interactions entre les Inuits du Labrador et d’ autres entités, comme le gouvernement provincial.

Bien que le Nunatsiavut fasse toujours partie de Terre-Neuve-et-Labrador, son gouvernement constitue l’ autorité compétente pour de nombreux domaines de gouvernance centraux, comme la santé, l’ éducation, la culture et la langue, la justice ainsi que les affaires communautaires. Son principal pouvoir est celui de promulguer des lois. Au Nunatsiavut, la constitution des Inuits du Labrador est la pierre d’ assise de la législation : toutes les autres lois établies par le gouvernement s’ appuient sur ses principes et ses lignes directrices.

Ce gouvernement est une forme consensuelle de démocratie parlementaire, conçue de façon à ce qu’ il y ait séparation des pouvoirs législatifs et exécutifs. Sur le plan législatif, les représentants de l’ Assemblée du Nunatsiavut, élus démocratiquement, promulguent des lois et déterminent l’ orientation générale des politiques du gouvernement. Hopedale est la capitale législative du Nunatsiavut.

Sur le plan exécutif, les ministères doivent appliquer les lois du gouvernement du Nunatsiavut et transposer les lignes directrices fournies par l’ Assemblée en programmes et en services adaptés aux Inuits et aux résidents du Labrador. Nain est la capitale administrative du Nunatsiavut.

Pour ce qui est des collectivités, le gouvernement du Nunatsiavut compte cinq administrations de collectivités inuites, soit celles de Nain, Hopedale, Postville, Makkovik et Rigolet. Ces administrations doivent être au service de tous les résidents de leur collectivité respective. Un leader communautaire appelé AngajukKâk représente chaque circonscription à l’ Assemblée du Nunatsiavut.