Les vétérans métis
Lors des deux Grandes Guerres mondiales et de la guerre de Corée, des Métis de tout le territoire se sont massivement enrôlés dans l’Armée canadienne.
Malheureusement, on ne connaît pas leur nombre exact, puisque les soldats ne pouvaient s’identifier comme Métis. Cette restriction a tout particulièrement irrité Claude Adams, de Saint-Louis, en Saskatchewan, qui était membre des forces spéciales canadiennes lors de la Seconde Guerre mondiale (première Force d’opérations spéciales conjointe entre le Canada et les États-Unis, connue sous le nom informel de « Brigade du diable »). Dans les documents militaires, un soldat pouvait avoir le statut d’Indiens des traités (Premières Nations) ou être classé selon son ascendance européenne. Il n’existait aucune catégorie pour les Métis.
Un des seuls obstacles à l’enrôlement des Métis était leur santé fragile. Beaucoup avaient souffert de tuberculose ou de malnutrition dans les réserves routières. Entre autres, les hommes qui avaient perdu des dents étaient refusés. Malgré tout, lors des deux guerres mondiales, on comptait une multitude de soldats métis dans de nombreuses unités comme les Canadiens Français du Nord-Ouest, la Princess Patricia’s Canadian Light Infantry, le Loyal Edmonton Regiment, le Regina Rifle Regiment (actuellement the Royal Regina Rifles), la Saskatoon Light Infantry et les Winnipeg Grenadiers.
Le patriotisme était une des raisons motivant la participation des Métis dans ces guerres. Pour beaucoup, cela leur permettait d’échapper à la pauvreté accablante de leur réserve routière ou de leur communauté forestière du nord, et pour de nombreux jeunes, c’était aussi un moyen de partir à l’aventure. Les aptitudes traditionnelles des Métis, comme la trappe, la chasse, le dépistage et l’orientation en nature étaient très recherchées dans l’armée, ce qui faisait d’eux des soldats talentueux. Quant aux femmes métisses, restées au pays pendant que les hommes étaient à la guerre, beaucoup d’entre elles entretenaient les trappes ou faisaient d’autres travaux pour soutenir leur famille.
De nombreux Métis qui se sont enrôlés dans les deux Grandes Guerres mondiales descendent des compagnons d’armes de Louis Riel et de Gabriel Dumont en 1885. D’ailleurs, les neveux et petits-neveux de ces derniers ont aussi servi. Parmi ceux-ci, Louis Philippe Riel, tireur d’élite renommé de la Première Guerre mondiale, a abattu 30 Allemands avant d’être lui-même tué le 15 janvier 1916. Patrice Fleury, vétéran de 1885, a écrit à propos de la perte d’un fils lors de la Seconde Guerre mondiale :
. . . Aujourd’hui, il n’y a pas de plus ardents défenseurs des droits du Canada que les Métis, et beaucoup de nos jeunes ont donné leur vie pour le roi et la patrie pendant la guerre.
Lloyd Hamilton, arrière-petit-fils adoptif de Gabriel Dumont, a servi dans l’Armée canadienne durant la guerre de Corée. Il s’est illustré en sauvant, avec l’aide d’un soldat américain, 80 enfants coréens pris dans un orphelinat qui se trouvait dans la zone démilitarisée. Pour ce geste, il s’est vu décerner une rare médaille de l’Organisation des Nations Unies (ONU), la seule du genre à avoir été octroyée à un soldat canadien dans le cadre de la guerre de Corée.
Après la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de vétérans métis sont devenus des leaders politiques et des activistes, notamment au sein de la Métis Society of Saskatchewan. Ils ont aussi fondé des Centres d’amitié pour les Autochtones et les Métis et des filiales de la Légion royale canadienne. Par ailleurs, de nombreux Métis ont été souvent incapables de se prévaloir des avantages réservés aux vétérans, et leur lutte pour obtenir réparation se poursuit encore aujourd’hui.
Des organisations variées, au sein de la Nation métisse, ont construit un monument rendant hommage aux vétérans de tout le territoire métis. Situé à Batoche, en Saskatchewan, il liste les noms de presque tous les Métis ayant servi le Canada à ce jour.
Les Métis durant la Guerre de 1812
Les peuples autochtones, dont les Métis, ont joué un rôle clé dans la guerre de 1812 en tant qu’alliés de la Grande-Bretagne et du Haut et du Bas-Canada. Presque tous les Autochtones du bassin des Grands Lacs et des deux provinces du Canada sont restés loyaux envers la Couronne britannique et ont combattu auprès de son armée et des milices coloniales de l’Amérique du Nord britannique pour résister aux envahisseurs américains. Ceux-ci disposant d’effectifs beaucoup plus importants, les autorités britanniques et coloniales ont activement encouragé la formation d’alliances avec les peuples autochtones.
Les Métis, eux aussi fidèles à la Couronne, ont mis à profit leurs liens familiaux et militaires et leurs relations avec les commerçants de fourrures et les Premières Nations pour organiser la résistance contre l’assaut des Américains dans le Haut et le Bas-Canada. Certains Métis ont aidé à repousser les envahisseurs dans des batailles décisives, comme celles de Détroit, de Queenston Heights, de Lundy’s Lane, de l’île Mackinac, de la rivière Raisin et de Prairie du Chien. Les guerriers métis ont servi dans le Corps of Canadian Voyageurs de la Compagnie du Nord-Ouest, les Caldwell’s Western Rangers, les Michigan Fencibles et les Volontaires du Mississippi. Beaucoup de ces Métis étaient établis dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’Ouest canadien, ou s’y sont installés rapidement après la fin de la guerre en 1814. Parmi les descendants directs de ces guerriers métis, on compte les familles Dease, Ducharme, Fisher, McGillivray, Nolin, Pambrun, Rainville, Revard, Rolette et Sayers.
Un des résultats heureux de cette guerre sanglante est la paix qui règne depuis deux cents ans entre les États-Unis et, d’abord, les colonies d’Amérique du Nord britannique, puis plus tard le Canada. Cela dit, l’avènement de cette paix signifiait aussi que les officiels Britanniques et Canadiens n’avaient plus besoin de l’aide des peuples autochtones, ce qui a entraîné un retour rapide de la répression, notamment par les politiques brutalement racistes appliquées par la province du Canada dans les années 1850, qui furent renforcées en 1876 dans la Loi sur les Indiens.
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