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atlas des peuples autochtones du Canada

Les Métis et le commerce de la fourrure

Le Canada s’est développé autour du commerce de la fourrure, pour satisfaire la demande européenne de peaux d’animaux, dont celle du castor (Castor canadensis; « aen kaastor » en michif), utilisée en chapellerie. Au début, la trappe était principalement faite par les Premières Nations. Toutefois, les Métis, qu’on considère parfois comme « les enfants du commerce de la fourrure », ont aussi développé un grand savoir-faire en la matière, ainsi qu’en chasse. Ils commencent à vivre de la trappe à la fin du XVIIIe siècle en vendant des peaux aux sociétés qui pratiquent le commerce de la fourrure : la Compagnie de la Baie d’Hudson, la Compagnie du Nord-Ouest et la Compagnie américaine des fourrures. La concurrence que se livrent celles-ci profite aux trappeurs métis qui peuvent vendre au plus offrant. Cependant, ces circonstances avantageuses disparaissent en 1821, à la fusion de la Compagnie de la Baie d’Hudson et de la Compagnie du Nord-Ouest,  fonctionnant en tant que nouvelle entité sous le nom de HBC. Dès lors, le monopole de HBC sur la fourrure fait chuter les prix. De plus, en Europe, les chapeaux de soie moins dispendieux gagnent en popularité durant les années 1930, ce qui continue de faire dégringoler les prix du Castor. Les prix des fourrures des autres espèces animales suivront la même tendance, et c’est ainsi que beaucoup de trappeurs métis, qui comptaient sur le commerce des fourrures, devront se tourner vers d’autres activités pour soutenir leur famille.

Les femmes métisses joueront un rôle central dans le commerce de la fourrure. En effet, les commerçants haut placés les épousaient en raison de leurs liens avec les communautés autochtones et métisses. Certaines d’entre elles, d’un parent Métis ou anglais,  se marient à de hauts fonctionnaires et intègrent ainsi « l’aristocratie de la rivière Rouge ». Les Métisses francophones, quant à elles, épousent le plus souvent des travailleurs des sociétés commerciales; des voyageurs canadiens (français), par exemple. Le rôle de ces femmes s’est avéré crucial car elles fournissaient légumes, baies, poisson et gibier aux postes de traite. Elles ont fabriqué et vendu également des objets confectionnés à la main comme des courtepointes et des ceintures fléchées.

La concurrence que se livrent les commerçants de fourrure profite aux trappeurs métis qui peuvent vendre au plus offrant.

Les voyageurs formaient la principale main-d’œuvre du commerce de la fourrure, dont la plaque tournante était Montréal. De Montréal à Fort William (qui aujourd’hui est compris dans Thunder Bay en Ontario), ils naviguaient à bord de grands canots spéciaux jusqu’à des territoires qui correspondent aujourd’hui au nord de l’Alberta, au sud des Territoires du Nord-Ouest et à l’Oregon. Puisque très peu de routes étaient aménagées, les rivières demeuraient le meilleur moyen de se déplacer. Les voyageurs utilisaient ainsi le réseau hydrographique pour faire circuler les biens et les fourrures destinés à la vente.

Des années 1770 à la fusion de 1821, la plupart des voyageurs étaient des Canadiens français provenant du Bas-Canada (aujourd’hui la partie au sud du Québec); quelques-uns sont Iroquois (Haudenosaunee) et Algonquins (Anishinaabeg). À partir de la fusion, la plupart des « lamaneurs » étaient métis. Perpétuant le mode de vie des voyageurs, ils naviguent dans les régions septentrionales des provinces des Prairies actuelles à bord de leurs canots et de leurs barges d’York, qu’ils ont la responsabilité de charger et de décharger. Lors de la rébellion de la rivière Rouge (1869-1870), Louis Riel comptera sur ces lamaneurs métis pour défendre son gouvernement provisoire, particulièrement sur ceux du groupe du Portage La Loche.

Les lamaneurs métis travaillaient plusieurs mois de suite dans des conditions souvent très rudes. À certains endroits, il y avait trop de rapides ou les passages étaient trop étroits pour les embarcations. Les lamaneurs devaient donc porter leur bateau sur leur dos d’un cours d’eau à l’autre. Ceux qui ne s’occupaient pas des embarcations traînaient chacun deux gros paquets de marchandises pouvant peser jusqu’à 90 kilos qu’ils attachaient sur leur dos à l’aide d’une ceinture ou d’une courroie fixée autour de leur tête. Ils parcouraient ainsi souvent quelques kilomètres dans les sous-bois, sur les roches glissantes et à travers les nuées de mouches noires. De nos jours, les Métis rendent hommage à leurs ancêtres en tenant les « jeux des voyageurs » dans le cadre d’événements comme le festival Retour à Batoche. Ceux-ci mettent à l’épreuve la force, la précision et l’endurance des participants.

Après la fusion de 1821 entre HBC et NWC, beaucoup de Métis ayant travaillé dans le commerce de la fourrure se feront commerçants, ou alors chasseurs et trappeurs indépendants. La chasse au bison commence à prendre de l’importance au rythme de l’augmentation de la demande pour leur pelage et leur cuir (utilisé pour fabriquer des courroies industrielles) dans les années 1840, jusqu’à ce que les troupeaux soient décimés dans les années 1870. Certains Métis travailleront à l’approvisionnement des postes de traite, deviendront chasseurs ou encore fourniront de la viande de bison transformée (pemmican) aux travailleurs.

Beaucoup de fils de commerçants de la Compagnie de la Baie d’Hudson deviennent aussi employés des postes de traite, où ils occupent des postes variés, comme ceux de commis, de dirigeant et de commerçant. Ces Métis, anglophones, étaient moins susceptibles d’occuper des postes subalternes (comme la navigation à bord de barges d’York) que leurs compatriotes francophones.

Aujourd’hui, les Métis qui habitent au nord des provinces des Prairies et dans les Territoires du Nord-Ouest continuent de pratiquer la trappe. Ils rendent d’ailleurs hommage aux traditions de leurs ancêtres qui vivaient du commerce de la fourrure en tenant chaque année des compétitions dans ce domaine.

Métis country born »

Ce sont les enfants de pères anglais employés dans le commerce de la fourrure et de femmes autochtones. Ce terme fut progressivement remplacé par celui, plus injurieux, de half-breed (« sang-mêlé ») anglais ou écossais.

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