La chasse au bison
Des années 1810 aux années 1870, le bison des plaines (Bison bison bison) a constitué une principale source de revenus pour les Métis et a permis leur survie. Le bison des plaines, s’appelle li buffloo en michif, malgré le fait que le bison et le buffle soient deux différentes espèces. Bien qu’il n’y ait pas de vrai buffle de l’Amérique du Nord, beaucoup de peuples autochtones, incluant les Métis, font référence au bison ainsi. Les Métis utilisaient son cuir pour fabriquer chapeaux, manteaux, couvertures, jambières, gants et autres pièces de vêtement. Ils en mangeaient et en vendaient également la viande. II y avait deux grandes expéditions de chasse par année : une en automne et une vers la fin du printemps ou en été. Celles-ci pouvaient durer deux à trois mois chacune. Certains groupes de chasse et leurs familles voyageaient souvent durant plusieurs mois. Parfois, ces groupes de chasseurs métis pouvaient compter jusqu’à 2 000 personnes. L’ampleur de ces groupes présentait deux avantages principaux : premièrement, il était ainsi plus facile de se protéger des nations rivales, comme les Sioux (Dakota) et les Pieds-Noirs (Siksika); deuxièmement, leur force de frappe accrue facilitait l’approche des immenses troupeaux.
Les groupes de chasse comptaient un général ou un chef et de nombreux capitaines, qui menaient chacun des sections de dix hommes (aen dizain en michif). L’organisation devait être rigoureuse, car toute la communauté dépendait souvent de cette source de nourriture. Même avant la quasi-disparition des bisons dans les années 1870, les Métis reconnaissaient qu’il s’agissait d’une ressource non renouvelable devant être protégée. Durant la saison de chasse en 1840, ils en balisèrent la protection en énonçant les « lois de la chasse » ou les « lois des Prairies ». Cet ensemble de lois interdisait notamment toute activité de chasse du buffle le dimanche (le jour du sabbat), veillait à l’application des règles et définissait des peines claires pour les contrevenants de la loi.
Les chasseurs montaient des chevaux appelés buffalo runner, dont la rapidité et la puissance permettaient au cavalier de maintenir sa vitesse tout en chargeant son arme, en visant et en tirant. Les bons spécimens faisaient l’objet d’un entraînement rigoureux leur apprenant à garder leur sang-froid dans leurs courses à travers les troupeaux. La chasse requerrait donc un grand talent, tant de la part du chasseur que de la monture. Beaucoup de Métis ont connu un succès considérable sur les ranchs grâce à leurs aptitudes acquises lors de ces chasses au bison. Mais les femmes aussi y étaient essentielles. Elles suivaient les chasseurs à bord de charrettes. Quand ceux-ci abattaient un bison, ils y laissaient un gant, ce qui indiquait aux femmes de saisir la carcasse et d’en faire du pemmican.
Les camps de chasse étaient rigoureusement organisés et dirigés sur un mode martial. Toutefois, on y observait aussi, lors des chasses, une forme de démocratie fondée sur le consensus. Dirigées par les aînés, des assemblées informelles étaient constituées avant chaque chasse pour garantir l’application des lois. Une fois toutes les charrettes réunies dans le camp, un conseil était élu de manière consensuelle, qui comprenait un chef, des officiers d’état-major, des capitaines, des soldats et des guides. On installait ensuite les charrettes en cercle pour se protéger, puis les tentes à l’intérieur en rang d’un côté. En cas de danger imminent, les chevaux étaient aussi gardés à l’intérieur. Les guides supervisaient les activités du camp lors des déplacements. Cette responsabilité changeait de mains chaque jour. Un drapeau marquait les mouvements et les arrêts. Quand on l’élevait, la troupe avait une demi-heure pour se préparer à partir. On le hissait dans la journée et le baissait en soirée pour signaler l’heure de rentrer au camp. Tant que le drapeau flottait, le guide du jour était responsable du site. Le drapeau était descendu en soirée, ce qui marquait la tombée de la nuit et la fin de la responsabilité du guide. Une fois qu’il était descendu, les capitaines et les soldats prenaient le commandement, organisaient le campement pour la nuit et supervisaient la disposition des charrettes.
Les camps de chasse métis étaient rigoureusement organisés et dirigés sur un mode martial. Toutefois, on y observait aussi, lors des chasses, une forme de démocratie fondée sur le consensus. Dirigées par les aînés, des assemblées informelles étaient constituées avant chaque chasse pour garantir l’application des lois.
L’extermination des bisons :
À la fin des années 1870, la population de bisons est en déclin constant, si bien qu’à partir des années 1880, chasseurs métis, autochtones des Plaines, euroaméricains et canadiens se disputent les troupeaux dont la population ne cesse de décroître. Grâce au développement d’un nouveau processus de tannage qui permettait d’utiliser le cuir de bison pour fabriquer des courroies industrielles, la demande pour le cuir de bison a augmenté dans l’est du Canada. Les chasseurs non autochtones, pour leur part, utilisent des carabines à répétition; ils tuent d’innombrables bêtes pour leur cuir et laissent pourrir les carcasses, que, de surcroît, ils empoisonnent à la strychnine pour tuer les loups qui s’en nourrissent. Car comme celles des bisons, les peaux de loups avaient aussi une grande valeur. Le gouvernement des États-Unis a aussi joué un rôle majeur dans le déclin du bison, au moyen d’une politique cherchant sciemment à retirer aux Autochtones leur source de nourriture principale pour réduire leur indépendance. Le gouvernement canadien, quant à lui, a profité des circonstances pour contraindre les peuples autochtones à se plier aux politiques d’établissement. L’extermination du bison a donc profondément bouleversé les modes de vie des Métis et des autres peuples autochtones des Plaines.
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