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atlas des peuples autochtones du Canada

Les jours de célébration du patrimoine métis

Le festival Retour à Batoche

«Retour à Batoche » est un festival annuel qui se déroule du jeudi au dimanche de la troisième semaine de juillet, à Batoche, en Saskatchewan. Il attire des milliers de visiteurs, qui viennent de partout sur le territoire de la Nation métisse et d’au-delà pour venir découvrir l’endroit, célébrer leur patrimoine et rendre hommage aux Métis qui sont morts pendant la rébellion de 1885. Cet événement est la version moderne de l’ancienne célébration métisse, la « Saint-Joseph » (le 24 juillet), choisie comme journée nationale des Métis en 1884. On célébrait l’ancienne fête du saint patron des Métis en organisant une messe et une foire rurale avec danse et musique. Les hommes participaient à des compétitions de course à cheval, de bras de fer et de tir, alors que les femmes exposaient leurs broderies, courtepointes, tapis au crochet, ceintures fléchées ainsi que leur travail au crochet et leur perlage. Cette « Saint-Joseph » a été célébrée à Batoche jusqu’aux années 1930.

C’est en juin 1971, du 26 au 28, que s’est tenue la première édition du festival Retour à Batoche. Il s’agissait en fait d’un congrès de la Métis Society of Saskatchewan, organisé au coût de 30 000 $. La journée du 25 juillet avait été réservée au camping. L’Armée canadienne a fourni des tentes et des ravitaillements, et la sécurité était assurée par une « police spéciale autochtone » et le détachement de Rosthern de la GRC. L’événement a été salué comme une « renaissance » culturelle et politique de la Nation métisse et comprenait de la danse de pow-wow, des courses, des activités sportives, ainsi que des compétitions de tir, de cuisson de la banique, d’installation de tentes, de violoneux et de danse métisse.

Lors du rassemblement de 1972, plus de 12 000 personnes ont pu assister et participer à une foule d’activités : concours de beauté, danse métisse, pow-wow, mât de cocagne, course du cochon graissé, cuisson de la banique, séances de gigue, prestations de violoneux, installation de tentes, jeux de mains, courses de canoës, tournois de ballon, bingos et courses de chevaux de selle. En 1977, il n’y a pas eu de rassemblement à Batoche, l’Association of Métis and Non-Status Indians of Saskatchewan (AMNSIS) et le gouvernement n’ayant pas réussi à s’entendre au sujet du financement de l’événement. En 1978, 7 000 visiteurs se rendaient à Retour à Batoche, démontrant ainsi que l’ingérence du gouvernement ne pouvait pas étouffer l’esprit des Métis et des Indiens non inscrits et leur résolution à se battre pour leurs droits.

De 1981 à 1985, l’événement a été officiellement rebaptisé « Métis Heritage Days », puisqu’on voulait réserver le nom « Back to Batoche » pour le 100e anniversaire qui serait célébré en 1985, lors d’une semaine entière de festivités organisées par la Batoche Centenary Corporation. L’édition 1986 de Retour à Batoche a subi des modifications, en raison de l’intensification, pour des raisons politiques, de la rupture entre Métis et Indiens non inscrits au sein de l’AMNSIS. Peu de temps après, la célébration deviendra un événement strictement métis organisé par la toute nouvelle Metis Society of Saskatchewan (2000), puis par sa successeure, la Nation métisse de la Saskatchewan. Le Ralliement national des Métis a aussi commencé à prendre un rôle plus important à Retour à Batoche, y organisant son assemblée nationale en 1989. À partir du milieu des années 1990, Retour à Batoche a toujours eu lieu pendant la troisième semaine de juillet, une tradition qui perdure encore aujourd’hui. L’édition de 2010 a attiré plus de 75 000 personnes dans le cadre de l’« année de la Nation métisse ».

Bien que l’objectif original et certaines activités aient changé depuis toutes ces années, l’idée de se rassembler pour célébrer la culture vivante et la riche histoire des Métis a toujours été une constante de Retour à Batoche.

Le Noël des Métis

Depuis longtemps, les Métis accordent une grande importance au fait de maintenir des relations fortes tant au sein des familles, immédiates comme élargies, que des communautés, particulièrement lors des périodes où le travail était difficile et l’avenir, incertain. À aucun moment ces liens de parenté et d’amitié n’ont été aussi bien soulignés qu’à l’occasion des célébrations de Noël (Li Krismiss ou Li Zhoor di Nowel) et du jour de l’An (Li Zhoor di laan). Noël était avant tout un événement religieux pour la plupart des communautés métisses de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, mais il s’agissait aussi d’une occasion de fêter. À Batoche, dans les années 1880 et 1890, les familles métisses organisaient, entre Noël et l’Épiphanie (ou le jour des Rois [Li Zhoor dii Roi], soit le 6 janvier) des soirées dansantes éclairées par des lampes à l’huile, ce qu’ils appelaient les « bals à l’huile ». Un journal de Prince Albert rapportait en 1889 que « pendant les Fêtes, à Batoche, les bals sont à l’ordre du jour. Il y en a eu deux hier soir, un chez Pilon et l’autre chez D(aniel) Charrette, et les jeunes ont pu amplement s’en donner à cœur joie ».

Selon les aînés métis, les familles passaient Noël à la messe de minuit, en chantant parfois des cantiques en cri, en français ou en michif. Cependant, les plus grosses célébrations du temps des Fêtes avaient lieu au jour de l’An. Comme l’a raconté un aîné de Batoche à l’historienne Diane Payment : « La veille de Noël, on allait à la messe de minuit, et quand on rentrait à la maison, on mangeait un peu, buvait du thé, puis on se couchait. Les cadeaux, c’était au jour de l’An. »

Tôt le matin de Noël, les familles se rendaient en carriole chez leurs proches, où ils restaient jusqu’à tard le soir. Avant ce rassemblement, les mères et les filles avaient préparé de la nourriture pendant des jours pour que personne ne manque de rien. Les repas de Noël et du jour de l’An comprenaient entre autres : de la banique frite, semblable à des beignes (lii bayng), des boulettes de viande (lii boolet), du ragoût (rababou), des cerises à grappes ou des amélanches servies avec de la crème et du sucre, des poudings, du pemmican, du gibier, du thé ainsi que de la bière et du vin artisanaux. Contrairement aux célébrations de notre temps des Fêtes imprégnées de consumérisme, le Noël traditionnel des Métis était modeste, comme en témoigne un aîné : « Nous n’avions pas de cadeaux pour Noël; seulement des bonbons, des pommes et des pâtisseries ».

Si Noël était un événement religieux pour les Métis, le jour de l’An était une grande célébration sociale. Il n’était pas rare que, dans un village, plusieurs familles organisent un festin et une danse à tour de rôle pendant la période du jour de l’An pour que les gens puissent célébrer pendant plusieurs soirs de suite et voir tout le monde. Dans les années 1860, à Prairie Ronde, dans la région de l’actuel village de Dundurn, en Saskatchewan, les célébrations du jour de l’An duraient dix jours! À propos de l’esprit gai des Métis pendant le temps des Fêtes, Joe Venne, un aîné métis du Manitoba raconte que « les Fêtes, Noël et le jour de l’An, ça durait deux ou trois semaines de suite, avec de la danse tous les soirs, des fêtes tous les soirs. Les autres ne faisaient pas ça. » Dans certains villages, des familles se relayaient pour organiser une soirée, ce qui permettait aux gens de visiter une maison différente chaque jour.

La veille de Noël, on allait à la messe de minuit, et quand on rentrait à la maison, on mangeait un peu, on buvait du thé, puis on se couchait.

Les enfants faisaient partie intégrante des célébrations du jour de l’An. La veille, leurs parents leur offraient des petits cadeaux, généralement des aliments. Un aîné se rappelle que « la veille du jour de l’An, les enfants accrochaient des bas au pied de leur lit, et y trouvaient toutes sortes de cadeaux en se réveillant le lendemain. » Ensuite, les enfants remerciaient et bénissaient leurs parents, puis toute la famille s’étreignait et s’embrassait. Les pères bénissaient également leurs enfants ce jour-là.

Les célébrations du jour de l’An avaient généralement lieu dans la maison des grands-parents; il s’agissait d’un moment spécial pour les familles, puisque les cousins, les tantes et les oncles étaient présents. C’était une occasion de prendre un verre ensemble, de partager des mets diversifiés; on se déplaçait de maison en maison, pour rencontrer des gens et danser. Lorsque des visiteurs arrivaient dans une maison, tout le monde se serrait la main et se faisait la bise. C’est pourquoi certains Métis appelaient le jour de l’An Ochetookeskaw (le jour de la bise) ou Shakishchenoisi (le jour de la poignée de main).

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