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atlas des peuples autochtones du Canada

Les débuts

« D’ où vient la culture inuite? » À cette question, les Inuits répondront aujourd’ hui qu’ elle vient à la fois des Sivullirmiuts et du peuple de Thulé. Ensemble, ces deux groupes ont formé la base des cultures inuites actuelles. Bien que ces deux peuples se ressemblaient à de nombreux égards, ils présentaient aussi des différences fondamentales. La plus grande ressemblance est celle entre le mode de vie du peuple de Thulé et celui que les Inuits pratiquaient partout dans l’ Arctique canadien jusqu’ à il y a une génération.

Si l’ on pouvait remonter le temps et visiter cette région il y a environ 8 500 ans, on verrait probablement de petites communautés établies le long du littoral de l’ isthme de Béring. On observerait un mode de vie construit autour des mammifères marins et d’ autres espèces d’ animaux, d’ oiseaux et de poissons chassées et pêchées sur les îles des environs et au bord des eaux exemptes de glace. À certaines périodes de l’ année, on verrait les chasseurs et leur famille migrer sur le continent pour chasser dans les vallées et pêcher en eau douce dans les lacs et les rivières.

À mesure que la population de cette région augmentait et que le territoire se faisait trop petit, des groupes se sont déplacés le long de la côte vers le nord, et même jusqu’ au continent, en bordure des grandes vallées fluviales. Avec le temps, la population s’ est étendue jusqu’ au nord de la péninsule Seward, atteignant même la côte Nord de l’ Alaska. Cet environnement devait être très différent de ce que le peuple avait connu jusque-là, car le vaste océan était recouvert d’ une épaisse couche de glace l’ hiver. C’ est là que s’ est opéré un changement considérable dans le mode de vie de nos ancêtres : ils ont développé une expertise et conçu des outils pour chasser les mammifères marins sur la glace de mer saisonnière. Ce savoir-faire né d’ une adaptation demeure à ce jour l’ une des caractéristiques distinctives de la culture inuite, de l’ Alaska au Groenland.

Ces premiers groupes qui ont appris à vivre sur la glace de mer sont devenus de très bons chasseurs. La population s’ est agrandie et s’ est peu à peu étendue vers l’ est, créant ainsi de nouveaux établissements. Cette migration vers l’ est a été effectuée il y a environ 5 000 ans par les Sivullirmiuts, dont le nom signifie « le premier peuple ». Les archéologues emploient les termes « Pré-Dorsétien », « Indépendance » et « Dorsétien » pour désigner l’ époque où vécurent les Sivullirmiuts.

En moins d’ un millénaire, des groupes de Sivullirmiuts ont migré vers l’ est depuis la côte Nord de l’ Alaska, traversant le Canada et se rendant jusqu’ au sud du Groenland. Au Canada, les premiers Inuits sont même allés aussi loin au sud-est que le détroit de Belle Isle, sur la côte terre-neuvienne. Au fil de leurs migrations, les Sivullirmiuts ont établi des villages et des territoires de chasse. Tout comme leurs ancêtres de l’ Ouest, ils ont su profiter des riches ressources qu’ offraient le littoral et les terres continentales. Les ressources terrestres et marines des côtes sont en effet toutes deux importantes pour notre survie : hier comme aujourd’ hui, les Inuits ont toujours dépendu de la chasse aux mammifères marins à longueur d’ année.

Lorsque les Sivullirmiuts ont commencé à établir des campements et des aires de chasse, ils se sont mis à réutiliser ces mêmes sites d’ année en année et de génération en génération. Avec le temps, des groupes régionaux se sont formés, et ils sont demeurés relativement stables jusqu’ à maintenant.

Map showing historic information used by Europeans
Inuluapik, de Kingmiksok, a fourni les renseignements clés pour le tracé de cette carte qui a servi aux baleiniers européens.

expéditions de chasse, nous passons souvent par les sites où nos premiers ancêtres avaient élu domicile. Même s’ ils sont demeurés là-bas pendant plus de mille ans, ils n’ ont jamais perturbé le territoire. Les aînés racontent qu’ ils sont arrivés en silence et repartis en silence, et que les Inuits des temps modernes doivent respecter leur façon de faire. Les Sivullirmiuts établissaient leurs campements à des endroits stratégiques pour la chasse et la trappe.

Le peuple de Thulé, quant à lui, est arrivé lors d’ une deuxième vague de migration dans le Nord. Suivant les pas des Sivullirmiuts, il a progressé vers l’ est depuis le détroit de Béring, s’ installant souvent directement sur les sites saisonniers des Sivullirmiuts étant donné leur proximité à la nourriture et aux ressources. Même si ces deux peuples ont existé en même temps, aucune preuve archéologique n’ a encore démontré qu’ ils se seraient rencontrés et auraient interagi. Il est toutefois indéniable que les outils et les pratiques sivullirmiuts ont été transmis au peuple de Thulé. C’ est en adaptant les techniques sivullirmiutes – comme la fabrication de lampes à l’ huile de phoque à partir de pierre de savon et la chasse aux trous d’ air des phoques – que le peuple de Thulé s’ est épanoui dans le Nord.

La différence la plus marquée entre les périodes historiques qui ont précédé et suivi ce que l’ on appelle « la culture de Thulé » est la mise au point d’ armes, de bateaux et de techniques pour chasser les immenses baleines des eaux nordiques. Cette spécialisation du peuple de Thulé, qui a son origine sur la côte Nord de l’ Alaska, constitue sans doute la principale raison pour laquelle cette nouvelle culture s’ est propagée si rapidement vers l’ est au Canada.

Aujourd’hui, lors de nos déplacements et de nos expéditions de chasse, nous passons souvent par les sites où nos premiers ancêtres avaient élu domicile.

Les régions habitées par le peuple de Thulé sont presque les mêmes que celles où vivaient les Sivullirmiuts ainsi que nos propres ancêtres immédiats. En fait, hormis la région la plus au sud (le Labrador), tout le territoire des Inuits actuels et des Inuits qui les ont précédés n’ a presque pas changé d’ une génération à l’ autre. Les villages hivernaux du peuple de Thulé étaient très grands, rappelant davantage les hameaux inuits modernes que les petits campements sivullirmiuts. Cet accroissement s’ explique probablement par des réserves de nourriture plus nombreuses, grâce aux baleines, et par le plus grand nombre d’ hommes requis pour abattre ces dernières.

Nos ancêtres des premiers temps ont laissé des traces de leurs vies et de leurs cultures. Or, on raconte aussi souvent qu’ il y aurait eu un autre groupe, un peuple appelé les Tunnits, décrits tantôt comme des êtres humains, tantôt comme des créatures s’ apparentant à des géants. Dans tous les cas, on dit d’ eux qu’ ils étaient très forts : ils pouvaient transporter d’ énormes rochers. On peut d’ ailleurs voir à quelques endroits des cercles formés de ces rochers, que les Tunnits auraient créés pour le plaisir.

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