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atlas des peuples autochtones du Canada

Les communautés métisses

Les Métis sont parmi les groupes démographiques connaissant la plus forte croissance au Canada. Selon le Programme du Recensement de 2011, on comptait 451 795 Métis au Canada. Le Ralliement national des Métis (RNM) représente près de 400 000 personnes s’identifiant comme Métis qui vivent en Ontario et dans les quatre provinces de l’Ouest; toujours selon le recensement de 2011, 85 % de cette population résidait dans ces cinq provinces. C’est l’Alberta qui comprenait la population la plus importante (96 865 résidents métis), suivie de l’Ontario (86 015), du Manitoba (78 830), de la Colombie-Britannique (69 475) et de la Saskatchewan (52 450). On doit mentionner qu’il n’y a pas encore de recensement établi par le Ralliement national des Métis quant au nombre précis de citoyens de la Nation Métisse. Lorsque ce recensement sera mené, le nombre de citoyens Métis sera probablement différent de celui-ci. Les Métis vivent principalement dans les zones urbaines, ce qui comprend les grandes villes, les régions métropolitaines et les plus petits centres urbains. Parmi les plus importantes, Winnipeg compte la plus grande population métisse au Canada, avec 46 325 résidents, et Edmonton arrive deuxième avec 31 780 résidents. Pour ce qui est des autres centres urbains où se concentrent les Métis, mentionnons Vancouver (18 485), Calgary
(17 040), Saskatoon (11 520), Toronto (9 980), Regina
(8 225), Prince Albert (Sask.)(7 900) et Ottawa-Gatineau (6 680). D’après le Programme du Recensement de 2006, les Métis vivant en milieu urbain sont deux fois plus susceptibles de vivre dans des petites villes (population de moins de 100 000 habitants) que les non-Autochtones des zones urbaines. Environ 41 % des Métis des zones urbaines habitent dans ce type de ville. On note aussi de nombreux Métis vivant en région rurale, le plus souvent dans la forêt boréale ou à proximité, dans des communautés comme celles des établissements métis de l’Alberta (environ 5 000 habitants) et dans de nombreuses collectivités comme Île-à-la Crosse, en Saskatchewan, Duck Bay, au Manitoba, et Fort McKay, en Alberta.

Par ailleurs, la population métisse est relativement jeune. En 2011, l’âge médian des Métis au Canada était de 31 ans, contre 41 ans pour les non-Autochtones. Les Métis présentaient tout de même l’âge médian le plus élevé parmi les trois groupes autochtones. En effet, il était de 23 ans chez les Inuits et de 26 ans chez les Premières Nations inscrites avec un statut d’Indien. C’est en Alberta et en Saskatchewan qu’on trouvait la population métisse la plus jeune, avec un âge médian de 28 ans. De plus, on comptait au Canada 104 415 enfants métis de 14 ans et moins. La majorité d’entre eux, soit 60 605 enfants (58 %), vivaient avec leurs deux parents, tandis qu’ils étaient 31 095 (presque 30 %) à vivre dans une famille monoparentale et
8 935 (8,6 %) dans une famille reconstituée. Une petite proportion d’enfants, soit 1 400 (1,4 %), habitaient avec leur(s) grand(s)-parent(s), et 1 800
(1,7 %) étaient en famille d’accueil.

Chris Andersen, auteur et professeur de la faculté des Études autochtones de l’Université de l’Alberta, a remarqué dans les derniers recensements canadiens une croissance extrêmement forte du nombre de personnes qui se disent Métis. Bien que la cause exacte de cette tendance soit inconnue, elle ne peut reposer uniquement sur la croissance de la population. Andersen propose différentes explications, entre autres le sentiment de sécurité après un passé de persécution et l’adhésion au statut de Métis pour profiter des retombées de diverses décisions judiciaires accordant plus de droits ancestraux à ce groupe. Une autre raison serait que les critères mêmes du recensement ont « généré » un plus grand nombre de Métis, car il s’agit maintenant d’une catégorie raciale (métissage Autochtone-colon européen) et non plus du nom d’un groupe autochtone précis implanté principalement dans l’Ouest canadien. Par conséquent, beaucoup de gens se disent Métis en raison de leur ascendance à la fois autochtone et européenne (dans des proportions variées), même s’ils n’ont pas de liens avec la Nation métisse.

Les communautés métisses historiques du Canada

Le territoire métis est vaste. Il s’étend dans l’Ouest canadien, le Nord-Ouest de l’Ontario, les Territoires du Nord-Ouest, le Montana et le Dakota du Nord, et comprend des dizaines de communautés historiques. Certaines sont bien connues, comme celles de Batoche, de Winnipeg, d’Edmonton et de Prince Albert, alors que d’autres le sont moins, comme celle du « petit Chicago », près de Lestock, en Saskatchewan. Les Métis créaient aussi des communautés temporaires, comme des sites d’hivernage, et beaucoup de ces emplacements ont été mis au jour en Alberta, au Manitoba et en Saskatchewan.

Le mode de vie des Métis a souvent été caractérisé par une grande mobilité, et leurs plus anciens établissements avaient d’ailleurs une vocation saisonnière.

Les Métis ont souvent été connus pour leur grande mobilité, et leurs plus anciens établissements avaient d’ailleurs une vocation saisonnière. Ces sites étaient étroitement associés au rôle des Métis dans leur commerce de la fourrure ainsi qu’à leur contrôle des transports dans le « vieux Nord-Ouest » et à leurs activités de chasse au bison dans les plaines. Beaucoup de communautés ont été établies près des premiers forts consacrés à la traite de la fourrure et des arrêts importants le long des voies de transport, sur les sites d’hivernage des Métis qui chassaient sur la plaine et près des lieux de pêche importants. La présence de nombreuses communautés métisses dans des réserves routières témoigne de la dépossession et de la délocalisation qui ont touché ce peuple après les rébellions de 1869-1870 et de 1885. Après 1885, l’afflux de colons européens a repoussé les Métis toujours plus à l’ouest. Les établissements étant renommés par les nouveaux arrivants, leur nom en michif, cri, ojibwé, déné et français disparut rapidement.

Dans le cadre de la Loi sur le Manitoba de 1870 et des Commissions du Nord-Ouest ayant mené à l’attribution de terres en vertu de la Loi des terres fédérales, le gouvernement du Canada a traité avec les Métis sur une base individuelle, sans mener de négociation collective. Cette politique d’assimilation bien documentée a entraîné une grande dispersion des Métis sur leur territoire. Aujourd’hui, on observe malgré tout une importante population vivant autour des établissements historiques.

Au Canada, les droits de chasse et de récolte occupent une place prépondérante dans les revendications métisses, et encore plus depuis l’arrêt Powley de septembre 2003, dans lequel la Cour suprême a établi un test légal pour démontrer que les Métis au Canada disposaient d’un droit constitutionnel en matière de chasse et de récolte. Par conséquent, il est maintenant d’autant plus important de déterminer comment les Métis pratiquaient la chasse et la récolte dans tout le « vieux Nord-Ouest », avant que ne soient établies les frontières nationales, provinciales et territoriales. Le RNM et ses membres directeurs ont donc entrepris de retracer l’histoire des établissements métis et de l’utilisation des ressources par leurs ancêtres sur le territoire de la Nation métisse.

Les études sur les Métis forment maintenant une discipline universitaire, et beaucoup de regroupements métis ont mené, avec l’aide d’historiens et d’anthropologues, des entretiens avec les aînés afin de définir le territoire de la Nation métisse et la perspective historique des citoyens métis.

black and white image of men gathered and hunts in the background
Poste à la frontière des États-Unis et de la Terre de Rupert, artiste inconnu

Le peuple des réserves routières

Après la rébellion du Nord-Ouest de 1885, beaucoup de Métis déplacés et sans terre se sont installés sur les terres de la Couronne réservées à la construction de routes, dans certaines parties de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba. En michif, ces terres étaient appelées li shmaen dii liings. Plusieurs types de « communautés implantées sur des terres sans titre légal » devraient être considérées, notamment celles établies : dans les réserves routières et le long des chemins de fer; sur des parcelles de terrain peu productif, comme les flancs de colline; aux limites des réserves des Premières Nations; en périphérie des villes; près des dépotoirs; dans les forêts vierges du Nord ou les prairies-parcs vierges; et autour des forêts fédérales et provinciales. Dans toutes ces zones, les Métis vivaient constamment sous la menace d’être déplacés par les autorités gouvernementales (voir page 40).

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