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atlas des peuples autochtones du Canada

La musique des violoneux et les danses métisses

Les Métis sont depuis toujours un peuple sociable et festif, aimant la chanson et la danse, mélangeant leurs racines autochtones et européennes dans des styles musicaux et chorégraphiques uniques. Adoptant le violon apporté par les Européens, les Métis ont commencé à composer leurs propres mélodies, qui combinaient souvent rythmes autochtones, écossais et canadiens-français avec des cadences originales. Ces nouvelles chansons ont donné naissance à de nouvelles danses. Par la suite, la musique de violoneux métisse a aussi été influencée par les traditions anglophones d’Amérique du Nord.

La gigue métisse est originaire de la région de la rivière Rouge. Elle associe les danses des Premières Nations à d’autres danses de provenance écossaise et canadienne-française, comme la danse à claquettes, le reel, la gigue et les
sets carrés. Parmi les gigues métisses les plus populaires, il y a La gigue de la rivière Rouge, la « danse du lapin », la « danse du balai » et la « danse de la ceinture fléchée ».

La première référence connue à La gigue de la rivière Rouge date de 1860, année où M. Macdallas l’a jouée lors du mariage d’un couple métis. Le Père Brocher, qui officiait la cérémonie, l’a alors baptisée la « gigue de la rivière Rouge ». Cette pièce, tout comme La Grande gigue simple, de souche canadienne-française, est une variation de la pièce écossaise The Big John McNeil, de David Milne. La gigue de la rivière Rouge est jouée dans presque tous les rassemblements métis.

Les violoneux métis sont des ambassadeurs culturels, voyageant partout en Amérique du Nord pour participer à des concours de « old time fiddle », comme le John Arcand Fiddle Fest, qui a lieu près de Saskatoon.

Les témoignages de missionnaires et de marchands de fourrures, ainsi que les dessins d’artistes de l’époque, indiquent que les Métis de la rivière Rouge, très sociables, adoraient la musique de violoneux, la danse et les célébrations. L’événement de l’année, auquel participait toute la communauté locale, était un bal avec maints violoneux et câleurs. Dans la société métisse, la musique de violoneux était égalitaire, car des gens provenant du haut comme du bas de l’échelle aimaient en jouer. Chaque famille métisse avait son violoneux. Comme la plupart du temps on ne pouvait acheter son instrument, on le fabriquait à la main en érable ou en bouleau. Même sans avoir suivi de cours, plusieurs violoneux métis sont passés maîtres de leur art, comme William Arcand, natif de la Saskatchewan, qui a joué pour la reine Élizabeth (la Reine mère) en Angleterre; ou Andy Dejarlis et Eugene Laderoute, deux violoneux du Manitoba célèbres dans le monde entier qui ont composé le populaire Keystone Reel.

Les violoneux métis sont des ambassadeurs culturels, voyageant partout en Amérique de Nord pour participer à des concours de « Old Time Fiddle », comme le John Arcand Fiddle Fest, qui a lieu près de Saskatoon, en Saskatchewan. Les Métis organisent aussi des concours de gigue et de danse carrée. Chaque danseur se distingue par ses pas uniques. Avec le temps, il les modifie en s’inspirant d’autres gigueurs, ou en invente simplement de nouveaux. Un bon gigueur tient le haut de son corps droit tout en exécutant ses pas. Certains arrivent même à savoir d’où vient un danseur d’après ses pas. Chaque communauté, et même certaines familles, a son propre style de gigue. La musique de violoneux, la gigue et la danse à claquettes font partie intégrante des événements sociaux et culturels dans les communautés métisses sur l’ensemble du territoire ancestral de la Nation. De nos jours, lors de festivals métis, comme Retour à Batoche (Saskatchewan), le Métis Fest (Saint-Albert, en Alberta) et le John Arcand Fiddle Fest, la musique de violoneux et la danse occupent toujours une place très importante.

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Violon du célèbre musicien métis Andy de Jarlis

Chansons métisses:

Le premier compositeur reconnu de chansons métisses a été Pierre Falcon (1793-1876). Sa chanson La Bataille des Sept Chênes, aussi appelée La Chanson de la Grenouillère, a été officieusement chantée par des Métis pendant au moins trois générations. Les compositions de Falcon racontent surtout les prouesses militaires des Métis et leur mode de vie associé à la chasse aux bisons. Comme ses chansons se transmettaient oralement, il en existe de nombreuses versions.

Les Métis chantaient notamment pour garder le moral durant les périodes de crise. Par exemple, durant la Rébellion du Nord-Ouest de 1885, lors de la Bataille de la Coulée des Tourond/Fish Creek (24 avril 1885), les Métis ont entonné La Bataille des Sept Chênes et Malbrouk. Louis Riel a d’ailleurs écrit une chanson intitulée C’est au Champ de Bataille, aussi appelée De Tous Champs de Bataille ou L’adieu de Riel. Ce chant bouleversant sur le terrible sacrifice qu’impose la guerre aurait été composé par le leader métis avant son exécution, le 16 novembre 1885. Avant cela, Riel avait pondu La Métisse, un hommage à la piété et au patriotisme des femmes métisses pendant la Rébellion de la rivière Rouge.

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Gravure sur bois représentant la « gigue de la rivière Rouge », Walter J. Phillips

Danse carrée:

Les Métis sont bien connus pour leurs danses carrées, où quatre couples qui se font face dansent les uns avec les autres en formation carrée. On croit que le style actuel, très populaire, a émergé de plusieurs types de danses métisses. Les danses carrées sont beaucoup plus complexes que les gigues, étant donné qu’on danse en couple en suivant les instructions d’un câleur. Avec panache, créativité, humour et sens musical, celui-ci veille à ce que les danseurs gardent la cadence tout en s’amusant. Un bon câleur sait faire danser jusqu’aux petites heures du matin!

La gigue de la rivière Rouge : La danse métisse la plus célèbre est La gigue de la rivière Rouge – oayache mannin en michif. Cette danse, accompagnée par un air de violon dans la pièce, est très populaire au milieu du XIXe siècle. Alors connue de l’Alaska jusqu’à la baie James, elle tire son origine de la mélodie écossaise The Big John McNeil. Les Canadiens français en avaient une version intitulée La Grande gigue simple. La gigue de la rivière Rouge combine pas de danses autochtones des Prairies et diverses danses écossaises, irlandaises et canadiennes-françaises, comme le stomp, le set carré, le reel et la gigue. Les pas de base de la gigue sont connus dans la plupart des communautés métisses. Certains danseurs y ajoutent cependant des pas plus raffinés et en font notamment des éléments distinctifs de leur communauté. En 1940, le violoneux métis Frédéric Genthon a enregistré pour la postérité la première version de La gigue de la rivière Rouge.

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