La culture matérielle des Métis
Le perlage
Les Métis ont hérité d’une culture matérielle dynamique mettant en valeur des motifs floraux vivement colorés, qu’ils soient brodés ou faits de perles. En fait, les Dakotas et les Cris appelaient les Métis les « gens du perlage floral » en raison de la prépondérance de ces motifs floraux sur leurs vêtements. Au début du XIXe siècle, des voyageurs européens et d’ascendance européenne ont aussi fait des références régulières au perlage décoratif des vêtements des Métis. Avec le temps, ces ornements floraux sont devenus un de leurs symboles les plus distinctifs.
Les Métis ont créé de magnifiques motifs en combinant le perlage des Premières Nations et les motifs floraux brodés des religieuses canadiennes-françaises qui travaillaient dans les missions catholiques. Dans les années 1830, on a vu apparaître des motifs floraux de plus en plus colorés et réalistes sur les produits métis provenant de la région de la rivière Rouge. On trouvait du perlage sur pratiquement tous les vêtements traditionnels métis ainsi que sur les vêtements utilitaires en cuir et en toile. Les perles en verre utilisées provenaient des sociétés de commerce. On décorait ainsi les mocassins, manteaux, vestes, ceintures, sacs, mitaines, nappes, et vide-poches, ainsi que les cadres pour les images religieuses.
Le perlage était et demeure une source importante de revenus pour beaucoup de familles et de femmes métisses. Depuis des générations, ces dernières produisent d’innombrables objets d’art pour les donner à leurs proches ou en faire le commerce. Plusieurs artisanes métisses contemporaines comme Lisa Shepherd et Jennine Krauchi continuent de faire du perlage sur des mocassins, des manteaux et des mitaines; leurs œuvres sont conservées dans des musées partout sur le territoire de la nation métisse. Cette tradition a continué de se développer grâce à l’intérêt marqué et aux efforts importants des communautés. Des organisations métisses, comme l’Institut Louis-Riel et l’Institut Gabriel-Dumont, organisent régulièrement des ateliers et ont produit des documents de référence sur le sujet. De nombreux artisans talentueux enseignent également cet art aux membres de leur communauté qui s’y intéressent.
Les ceintures fléchées
Les Métis portent des ceintures fléchées depuis la fin du XVIIIe siècle. De nos jours, elles font partie intégrante de l’identité métisse et en sont un symbole fort. Aucun événement métis, qu’il soit culturel ou politique, n’est considéré comme officiel si l’on n’y arbore pas avec fierté la ceinture fléchée. D’ailleurs, c’est en décernant l’Ordre de la ceinture fléchée que les communautés métisses reconnaissent les contributions sociales, culturelles et politiques des Métis d’exception.
La ceinture fléchée portée par les Métis, appelée sayncheur flayshii en michif, a été conçue à partir d’environ 1870 par des artisans canadiens-français du village de l’Assomption, au nord-est de Montréal. Plus tard, les Haudenosaunees (Iroquois) ont commencé à fabriquer cet incontournable de la traite des fourrures, qui gagnait en popularité partout en Amérique du Nord. La ceinture fléchée est arrivée sur le territoire de l’Ouest canadien actuel grâce aux voyageurs de la Compagnie du Nord-Ouest (CNO), des Canadiens français pour la plupart et, dans une moindre mesure, des Haudenosaunees et des Anishinabegs (Algonquins). Cette première version de la ceinture fléchée s’inspirait des techniques autochtones de fléchage et empruntait son apparence et sa matière première aux traditions européennes. Lorsqu’elles ont pu obtenir de la laine par l’entremise de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) et de la CNO, les femmes autochtones et métisses ont commencé à fabriquer des ceintures fléchées avec des couleurs et des motifs caractéristiques.
Pour les Métis, la ceinture fléchée était plus qu’un élément vestimentaire décoratif. Elle pouvait être utilisée comme corde pour tirer les canoës pendant le portage ou pour attacher de lourds paquets sur le dos des hommes et des femmes qui déchargeaient les canoës ou les barges d’York. Elle pouvait même servir de harnais pour les chiens. Les Métis utilisaient les franges à l’extrémité des ceintures fléchées comme matériel de couture d’urgence. Les ceintures pouvaient également servir à transporter des articles personnels comme des médicaments, du tabac, une pipe ou une trousse de premiers soins. Elles pouvaient également servir de serviette ou de débarbouillette et, pendant l’hiver, elles permettaient aux Métis de bien attacher leur capote.
De nos jours, la plupart des ceintures fléchées sont faites à la machine. Celles faites à la main sont généralement de meilleure qualité, mais sont rares et coûteuses. Heureusement, l’art du fléchage des ceintures connaît actuellement une renaissance et est enseigné aux jeunes.
Les capotes
La capote est un manteau à capuchon qui était fait à partir d’une couverture en laine de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH). Aux environs de 1780, la couverture de la CBH est devenue un article commercial courant sur le continent. Elle était vendue en paire, et chaque couverture était classée par poids et taille selon un système de « points ». Le nombre de lignes indigo tissées au coin de la couverture, aisément repérable sans avoir à la déplier, indiquait le nombre de points.
Les capotes étaient légères et chaudes. Traditionnellement, elles étaient portées seulement par les hommes; la partie inférieure était plus large pour permettre une plus grande mobilité aux travailleurs de la traite des fourrures. Les capotes étaient presque toujours attachées avec une ceinture fléchée. Ces manteaux, également portés par les Autochtones et les Canadiens français, sont devenus si populaires que chaque société de commerçants de fourrure a adopté une couleur distinctive : le bleu pour la Compagnie du Nord-Ouest, et le rouge pour la CBH.
De nos jours, tant les femmes que les hommes métis fabriquent et portent des capotes, et des ateliers de confection de capotes sont organisés aux quatre coins de l’Amérique du Nord.
Les gants
Ces gants traditionnels des Métis, faits de cuir, montaient jusqu’au coude et étaient souvent décorés avec des perles, des piquants de porc-épic ou des broderies. À l’origine, c’étaient les femmes qui faisaient les gants, mais seulement les hommes qui les portaient. Chaque paire devait être unique, car les chasseurs les utilisaient pour indiquer les bisons qu’ils avaient tués. Dès qu’un animal était abattu, le chasseur laissait son gant près du corps et continuait la chasse. Cela permettait de savoir qui avait tué quoi malgré l’agitation ambiante. Ensuite, les femmes vérifiaient les gants afin de ne dépouiller et de n’éviscérer que les animaux tués par leur mari, même si la viande était généralement partagée parmi la communauté. De nos jours, les Métis continuent de fabriquer et de porter leurs gants traditionnels.
Avec le temps, ces ornements floraux sont devenus un des symboles métis traditionnels les plus distinctifs.
La broderie
Un peu comme le perlage, la broderie était courante sur les vêtements des Métis, tout comme sur leurs articles personnels et ménagers, et ce, dans toutes les régions où ils ont voyagé et habité. Les motifs floraux sont fréquents, mais dans une gamme de couleurs relativement restreinte. Ceux-ci proviennent d’avant les années 1850, lorsque les femmes utilisaient des piquants de porc-épic dans leurs broderies. Les fleurs sont généralement brodées dans des teintes allant du rose au rouge, et les bourgeons, dans des teintes de bleu et de mauve. Le centre des fleurs est blanc ou jaune foncé, et les feuilles sont brodées en vert. Un effet tridimensionnel est créé grâce à la superposition de plusieurs couches.
Dans la région de la rivière Rouge, dans les années 1830, les écoles de missionnaires catholiques ont initié les Métis aux techniques européennes de broderie de la soie. Dès que les jeunes filles n’étaient plus sous la supervision des religieuses, elles expérimentaient différents styles et ornementations, créant ainsi leur propre tradition artistique. On trouve de la broderie sur des articles tant décoratifs qu’utilitaires : mitaines, manteaux, jambières, mocassins, vestes, gaines à couteau, sacs, couvertures pour chiens, vide-poches, taies d’oreiller, couvertures de piano, cadres d’image et bourses.
La tradition de la broderie est toujours vivante de nos jours, bien qu’on remplace habituellement la soie par du coton et de la rayonne, ou par de la laine dense et des fibres synthétiques. Depuis longtemps, les articles brodés sont populaires auprès des touristes, mais on en produit encore beaucoup pour les offrir à des amis ou les utiliser soi-même, par exemple comme parures. En fait, chez les Métis des régions subarctiques, les femmes offrent depuis longtemps des mitaines et des mocassins brodés à leur mari et aux hommes de leur parenté comme cadeaux spéciaux du jour de l’An.
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