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atlas des peuples autochtones du Canada

La capacité d’adaptation des Métis

L’esprit innovateur des Métis est un des piliers de leur identité, et ce, depuis leur émergence dans les années 1780-1790. Ce qui illustre le mieux la faculté d’adaptation des Métis est peut-être leur culture traditionnelle, une synthèse fluide et vivante d’éléments des cultures crie, ojibwée, canadienne-française et écossaise. Cette hybridation se manifeste particulièrement dans les langues, en particulier le michif, qui combine les verbes et syntagmes verbaux du cri avec les noms du français. On la trouve aussi dans la tradition orale. Les histoires des Métis reprennent autant les thèmes de la création, du filou et des cannibales des Algonquins, que ceux du loup-garou, de Ti-Jean (comme figure de héros) ou du diable des Canadiens français. Cette plasticité prédomine également dans d’autres traditions, comme la musique de violoneux, la gigue ou la danse carrée, où se mêlent violon écossais, danse à claquette canadienne-française et écossaise, et rythmes et pas de danse cris et ojibwés.

Issus à la fois de traditions autochtones et européennes, les Métis ont toujours vécu simultanément dans deux univers, ce qui leur a donné la capacité de bien s’adapter aux circonstances. Parce qu’ils comprenaient bien les deux cultures et maîtrisaient les différentes langues, les Métis ont souvent servi d’intermédiaires entre leurs parents des Premières Nations et les colons d’ascendance européenne. Par exemple, beaucoup de Métis ont agi comme traducteurs dans l’élaboration des traités numérotés passés dans les Prairies et le nord de l’Ontario. D’autres, guides ou éclaireurs lors de différentes expéditions dans les Prairies, ont joué le rôle de médiateurs entre les Premières Nations, les Européens et les Eurocanadiens. Autre exemple : les Métis ont adressé des pétitions au gouvernement pour qu’il protège à la fois leurs droits en tant qu’Autochtones et leur droit à la propriété, droit alors réservé aux colons. Ils ont fait pression pour que les droits des Premières Nations soient reconnus, tout en affirmant leur caractère distinct par rapport aux autres peuples autochtones.

Les Métis se servaient souvent de leur héritage mixte pour donner à leur identité la fluidité nécessaire selon les circonstances. Ainsi, si la plupart des Métis d’autrefois avaient un noyau identitaire métis, nombre d’entre eux se réclamaient plutôt d’une identité plurielle. Ils pouvaient par conséquent aussi bien s’assimiler aux bandes cries et ojibwées, que s’identifier et se mêler aux sociétés canadienne-française et écossaise. Beaucoup de membres des Premières Nations des Prairies ont des ancêtres métis, tout comme les francophones de l’Ouest canadien. En raison du racisme ambiant dans la société des Prairies, certains Métis – surtout ceux dont la peau était plus claire et ayant une assise économique plus stable, comme une ferme ou une entreprise – ont abandonné leur héritage métis, se disant plutôt « Canadiens français » ou « Écossais ». Voilà comment, malheureusement, des Métis pouvaient jouer de leur adaptabilité pour s’intégrer à une société raciste.

Les Métis ont aussi profité de cet avantage lorsqu’ils servaient dans l’Armée canadienne, surtout pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Leurs aptitudes comme chasseurs, trappeurs et guides ont facilité leur intégration à l’armée, et nombreux parmi eux sont alors devenus des tireurs d’élite, ou des soldats spéciaux actifs derrière les lignes ennemies.

Le fait de savoir se mettre rapidement au diapason a aussi permis aux Métis de générer des occasions et d’occuper des fonctions économiques clés. Par exemple, ils ont compris que, avant l’arrivée du chemin de fer et de ses embranchements, leurs charrettes de la rivière Rouge pouvaient répondre au besoin des premiers colons qui devaient transporter leurs marchandises. Quand les bisons ont disparu des Plaines, les Métis ont vite constaté que leurs os faisaient un excellent engrais. Aussi ont-ils commencé à les ramasser pour les vendre à des fabricants d’engrais. Ils ont fait de même avec la racine de sénéca, que les sociétés pharmaceutiques utilisaient dans la fabrication de médicaments. Des générations de Métis se sont astreintes à ce dur labeur.

Aujourd’hui, les Métis sont bien de leur temps, restaurant, préservant et promouvant leur culture au moyen des médias et des technologies modernes. C’est ainsi que la tradition orale métisse a été adaptée par des écrivains, des poètes, des dramaturges et des cinéastes métis, avec pour intention de continuer à raconter les histoires de leur peuple de façon pertinente et divertissante. Le recours aux médias modernes (notamment aux médias numériques, aux arts graphiques et aux médias sociaux) illustre bien la capacité des Métis à innover dans la manière de raconter leurs histoires traditionnelles. Les Métis font aussi appel aux technologies modernes pour préserver et promouvoir leurs langues ancestrales, comme le michif. Dans cette optique, l’Institut Gabriel-Dumont a d’ailleurs conçu des applications destinées aux téléphones intelligents et aux tablettes, ainsi que des dictionnaires interactifs en ligne.

Les Métis exercent maintenant leur faculté d’adaptation pour restaurer et consolider, à l’aide des médias sociaux et des forums de discussion en ligne, les relations communautaires et familiales ravagées par la colonisation, le régime des pensionnats indiens et la rafle des années 60. De cette façon, des réseaux familiaux sont rétablis et des membres « égarés » réintègrent leur famille et leur communauté.

family of 10 wearing warm clothes and wrapped in blankets
Photo d’une famille (identité inconnue) qui aurait été prise à Osnaburgh (Ontario)

Le recours aux médias
modernes (notamment aux médias numériques, aux arts graphiques et aux médias sociaux) illustre bien la capacité des Métis à innover dans la manière de raconter leurs histoires traditionnelles. Les Métis
font aussi appel aux
technologies modernes pour préserver et promouvoir leurs langues ancestrales,
comme le michif.

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