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atlas des peuples autochtones du Canada

Inuktut Titirausiit/Aglausiit

Les Inuits se divisent généralement en deux groupes étroitement liés par la langue, les facteurs environnementaux et certaines caractéristiques culturelles : les Yupiks, qui occupent la partie sud-ouest de la côte de l’ Alaska, y compris l’ île Nunivak et les îles du Saint-Laurent, ainsi qu’ une petite partie du Sud-Est de la péninsule Tchouktche, en Russie; et un second groupe formé des Inupiats du Nord de l’ Alaska et de l’ Est de la Russie ainsi que des Inuits du Canada et du Groenland.

De ces 172 000 Inuits, 2 000 vivent en Russie, 50 000 en Alaska, 65 000 au Canada et 55 000 au Groenland. Vu la vaste étendue du territoire arctique et subarctique, il serait normal de supposer certaines distinctions dans les cultures et les langues. Mais l’ un des aspects vraiment étonnants de notre civilisation est la similarité entre les groupes, que ce soit dans les outils, les langues, les récits ou les traditions, de la côte Est du Groenland jusqu’ aux rivages de la Sibérie en passant par le Canada et l’ Alaska.

Dans les années 1920, par exemple, Knud Rasmussen, ethnographe d’ ascendance inuite et danoise originaire du Groenland, traverse le Canada vers l’ ouest en traîneau à chiens, de sa terre natale jusqu’ à la côte Nord de l’ Alaska. Il recueille, pendant son périple, d’ innombrables renseignements dont notre peuple inuit peut aujourd’ hui se servir pour comprendre son histoire et ses traditions. Durant son extraordinaire voyage, Knud Rasmussen est capable de saisir assez facilement tous les dialectes qu’ il entend. Et outre les langues, tous les Inuits, de la Sibérie au Groenland, partagent également une histoire culturelle similaire, du moins jusqu’ à l’ époque des premiers contacts avec le monde extérieur. Une grande partie de nos valeurs, de nos récits, de nos traditions et de nos technologies se ressemblent. Et, bien entendu, les Inuits de partout sont fiers de leur capacité à mener en permanence une vie confortable dans un environnement très souvent qualifié d’ hostile, et même d’ invivable, par les étrangers.

Et outre les langues, tous les Inuits, de la Sibérie au Groenland, partagent également une histoire culturelle similaire, du moins jusqu’à l’époque des premiers contacts avec le monde extérieur.

Chez les Inuits du Canada, les systèmes d’ écriture sont introduits différemment d’ une région à l’ autre sous l’ effet de la colonisation. Les positions divergentes des régions en matière de langue se sont surtout développées au contact de missionnaires, mais aussi à cause de représentants du gouvernement et de linguistes inuits et non inuits.

Coloured map showing Inuit Language writing systems
Carte des dialectes inuits

En 1771, des missionnaires moraves venus d’ Allemagne entreprennent leur première mission à Nain (Terre-Neuve), au nord du Labrador, là où se trouve l’ actuel Nunatsiavut. Rapidement, la première forme écrite d’ inuktitut apparaît sur le territoire qui constitue aujourd’ hui le Canada. Elle utilise l’ alphabet romain et ressemble à celle qu’ on retrouve au Groenland.

Ailleurs, les anglicans, les catholiques et d’ autres missionnaires introduisent différents systèmes d’ écriture en caractères romains (Labrador et Ouest de l’ Arctique) et syllabiques (Centre et Est de l’ Arctique). L’ orthographe employée pour reproduire certains sons de l’ inuktut varie toutefois d’ une région à l’ autre.

Au cours de la décennie 1870, le premier syllabaire arrive chez les Inuits du Nord du Québec, là où se trouve maintenant le Nunavik, lorsque le révérend Edmund Peck de l’ église d’ Angleterre (religion anglicane) adapte l’ écriture syllabique pour traduire des sections de la Bible et de la Liturgie de l’ Église anglicane ainsi que certains cantiques. Il se sert du modèle déjà employé chez les Cris au sud du Nunavik, dans la région de la baie James. Les caractères syllabiques avaient été mis au point en 1845 par le missionnaire méthodiste wesleyen James Evans, et subséquemment adaptés pour l’ inuktitut par les anglicans Edwin Watkins et John Horden.

En 1894, Edmund Peck retourne à la baie de Cumberland, une région de l’ actuel Nunavut, pour fonder la première mission anglicane sur l’ île de Baffin, puis construire la première église sur l’ île Blacklead. Au début du 20e siècle, l’ écriture syllabique se répand dans le centre de l’ Arctique, à Kivalliq et à Natsilingmiut, par le biais de traductions de la Bible faites par des missionnaires catholiques
et anglicans. Mais comme mentionné précédemment, l’ orthographe à cette époque n’ était pas toujours uniforme.

C’ est ce passé et ces antécédents religieux qui expliquent en partie l’ attachement social et culturel qu’ ont encore aujourd’ hui les Inuits du Nunavik et du Nunavut envers l’ écriture syllabique, tant en contexte religieux qu’ en d’ autres circonstances. Et ce passé est aussi à l’ origine de bien des divergences qui ont contribué à la formation des neuf systèmes d’ écriture employés aujourd’ hui. Compte tenu de la situation et du nombre relativement faible de locuteurs, d’ aucuns souhaiteraient aujourd’ hui uniformiser l’ écriture de l’ inuktut, terme employé pour désigner la langue inuite parlée dans tout le Canada, d’ un bout à l’ autre de l’ Inuit Nunangat.

L’ inuktut compte 12 grands dialectes, neuf systèmes d’ écriture et, dans certains cas, trois orthographes différentes : l’ ancienne orthographe syllabique unique, la nouvelle orthographe syllabique de l’ Institut culturel inuit et l’ orthographe romaine.

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