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atlas des peuples autochtones du Canada

Inuits en milieu urbain

Environ 30 % des Inuits du Canada habitent maintenant à l’ extérieur d’ Inuit Nunangat. La tendance à l’ urbanisation est en hausse chez ce peuple, mais les municipalités canadiennes ne sont pas encore totalement prêtes à assurer la transition entre les localités et hameaux du Nord, et les grandes régions urbaines du Sud. De nombreuses villes du Sud se sont dotées d’ organisations qui prennent en compte les particularités des Premières Nations, mais il faut savoir que les besoins et les réalités des Inuits diffèrent de ceux de toutes les autres populations autochtones.

En Ontario seulement, le nombre d’ Inuits est passé de moins d’ une centaine en 1987 à environ 3 800 en 2017. La grande majorité d’ entre eux vivent dans la région de la capitale nationale, où ils représentent la plus importante population inuite du Sud canadien. Selon Statistique Canada, la région d’ Ottawa-Gatineau, en Ontario et au Québec, comptait environ 1 280 Inuits en 2016. Toutefois, les organismes offrant des services à cette communauté estiment que la population inuite de la capitale se chiffrerait à au moins 3 700, voire peut-être même 6 000. Il est prioritaire de recueillir des données plus justes sur les Inuits qui vivent à l’ extérieur d’ Inuit Nunangat, car il semble que le nombre d’ Inuits dans le Sud soit bien plus élevé que ce que laissent croire les statistiques actuelles.

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L’ artiste Dale Hamel est né au Labrador, et s’ est installé à St.John’ s.

Malgré l’ajout d’enquêtes spéciales, ils sont toujours sous-dénombrés dans les milieux urbains.

Les organismes qui servent la population inuite sont conscients de la force du nombre et savent que cette force est nécessaire pour surmonter les défis que pose le financement des services et du soutien aux Inuits du Sud. De manière générale, 3 % des Canadiens échappent aux recensements. Mais chez les Inuits, cette proportion est largement supérieure. Malgré l’ ajout d’ enquêtes spéciales, ils sont toujours sous-dénombrés dans les milieux urbains. Statistique Canada doit donc travailler avec eux de façon plus importante et efficace afin de recueillir des données démographiques plus justes.

L’ organisme Tungasuvvingat Inuit (TI) a été créé à Ottawa en 1987 pour répondre aux besoins de la communauté inuite de cette ville. Une étude d’ évaluation des besoins faite auparavant avait clairement démontré qu’ il fallait offrir des services adaptés aux particularités culturelles des Inuits pour qu’ ils s’ intègrent bien à la vie dans les villes du Sud, très différente de leur quotidien nordique. Depuis la création de TI, la migration urbaine des Inuits du Nord ne fait que s’ accentuer. L’ organisme compte plus de 30 ans d’ expérience dans la conception, la mise sur pied et la prestation d’ une grande gamme de services à la fois efficaces et axés sur les clients, en l’ occurrence les Inuits de la ville.

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Tabitha Blake (à gauche) et sa sœur Sherry posent avec leur mère Bertha Black et la fille de Tabitha, Uestine Bola, à St.John’ s.

Les organismes qui ciblent les Inuits des villes jouent un rôle central dans la transition vers la vie urbaine. Lorsque les Inuits emménagent, les organismes les aident à se retrouver et à mieux connaître les services auxquels ils ont accès. De plus, ces organismes militent pour des services ou offrent ces services lorsqu’ il y a un manque dans la région.

Les infrastructures et les ressources destinées à faciliter la transition des Premières Nations qui s’ installent en ville doivent être dupliquées et financées à la hauteur des besoins particuliers des Inuits. Les gouvernements ont tendance à créer des programmes pour « les peuples autochtones », mais souvent, cette approche « panautochtone » ne prend en compte que les besoins des Premières Nations, alors les Inuits continuent d’ être traités comme s’ ils en faisaient partie. Les Inuits, un peuple distinct avec une culture, une langue et une histoire propres, sont trop souvent oubliés. Il faut prévoir du financement et des programmes spécifiques, car les Inuits se sentent généralement mal à l’ aise dans les installations destinées à l’ ensemble des Autochtones. De plus, l’ approche généraliste empêche les Inuits d’ obtenir du financement lorsque celui-ci est accordé en fonction du nombre d’ habitants. Comme les Inuits sont la plus petite population autochtone en milieu urbain, ils ne reçoivent souvent qu’ un très faible pourcentage des fonds disponibles pour les peuples autochtones. L’ approche panautochtone actuelle dans l’ offre de services et de programmes ne fonctionne tout simplement pas.

En 2005, des Inuits de sept villes canadiennes se sont rencontrés à Ottawa, à l’ occasion d’ un atelier organisé par TI intitulé « Atelier national des Inuits vivant en milieu urbain – Une voix ». Il s’ agissait du premier rassemblement national de défenseurs des Inuits en milieu urbain. En 2016, un autre événement charnière, le National Urban Inuit Community Dialogue, a réuni des Inuits de différentes villes du Sud canadien. Depuis, un petit groupe d’ Inuits de Montréal, d’ Ottawa, de Toronto, de Winnipeg, d’ Edmonton et de St. John’ s, à Terre-Neuve-et-Labrador, s’ affairent à créer un réseau national d’ Inuits en milieu urbain. Ils souhaitent travailler ensemble pour améliorer la vie de tous les Inuits, qui, dans chaque ville, ont besoin de ressources pour continuer de se rassembler, de se soutenir mutuellement et de célébrer les accomplissements relatifs à leur réseau local de services.

Il est formidable de voir les Inuits adapter leurs pratiques culturelles et leurs mœurs pour les vivre en contexte urbain. En faisant preuve de créativité, notamment pour ce qui est de réinventer leurs mets traditionnels et de modifier leurs vêtements, les Inuits continuent de trouver des façons novatrices de préserver et de promouvoir leur culture, chez eux comme dans le Sud. Beaucoup de ces idées proviennent d’ ailleurs de discussions tenues lors des rassemblements organisés dans les centres urbains par de petits groupes d’ Inuits. Ces rencontres ont une valeur inestimable pour le bien-être personnel des Inuits en milieu urbain, sans compter qu’ elles renforcent les liens culturels, identitaires et interpersonnels.

Il est encourageant de voir les villes du Sud canadien accueillir les Inuits à bras ouverts. Depuis la Journée nationale des peuples autochtones en 2017, l’ hôtel de ville de Toronto hisse fièrement le drapeau Inuit Tapiriit Kanatami, reconnaissant ainsi la présence de la communauté inuite dans la plus grande métropole du pays.

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Mark Igloliarte est un artiste qui s’ intéresse aussi bien aux enjeux traditionnels que contemporains.

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