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atlas des peuples autochtones du Canada

Éducation

Avant la Seconde Guerre mondiale, la majorité des Inuits vivaient dans des camps saisonniers sur leur territoire, en petites unités familiales. Les compétences dont ils avaient besoin pour survivre et prospérer dans leur milieu étaient transmises d’ une génération à l’ autre. Quand un enfant devenait assez grand, il avait son rôle à jouer dans la survie et le bien-être de sa famille. Mais l’ éducation canadienne qui était dispensée dans les pensionnats et les externats, calquée sur le système occidental, fut imposée aux familles inuites qui s’ installaient dans des établissements, et instrumentalisée pour séparer les enfants de leur famille qui habitait encore sur le territoire.

L’ une des premières écoles pour Inuits administrées par l’ État a ouvert ses portes en 1951, à Chesterfield Inlet, au Nunavut. La plupart des pensionnats étaient situés loin des nouveaux établissements, et les élèves qui les fréquentaient, trop souvent dépossédés de leur langue et de leur culture, souffraient d’ être loin des leurs. Cette rupture abrupte avec les méthodes d’ éducation et d’ enseignement traditionnelles a eu de multiples effets sur la subsistance des Inuits. Bien des individus, après que leur unité familiale a été perturbée, se sont retrouvés démunis face à leurs responsabilités parentales, n’ ayant jamais eux-mêmes été élevés par leurs parents. Sans compter les répercussions, toujours palpables, des nombreuses violences physiques, psychologiques et sexuelles perpétrées pendant des générations dans ces écoles. Somme toute, même si de nombreux Inuits ont tiré leur épingle du jeu dans le système scolaire canadien, la transition est loin d’ avoir été facile.

La plupart des pensionnats étaient situés loin des nouveaux établissements, et les élèves qui les fréquentaient, trop souvent dépossédés de leur langue et de leur culture, souffraient d’ être loin des leurs

Group of 40-60 people all posing for a photo
Des jeunes au National Inuit Youth Summit à Nain au Nunatsiavut (2017).

Ce pan de l’ histoire a largement motivé les visées d’ autonomie politique et d’ autodétermination des Inuits, lesquelles ont passé par la négociation d’ accords de revendications territoriales exhaustifs définissant leur statut politique dans le Canada d’ aujourd’ hui. Ce qu’ ils entendent par « autodétermination » est le droit de choisir et de définir leur propre voie en leurs propres conditions, y compris en ce qui a trait à l’ éducation.

La population inuite est l’ une des plus jeunes au pays; son âge médian est de 22 ans. En comparaison, celui de la population canadienne est près du double (40 ans). La majorité des Inuits se trouvent donc actuellement dans le système d’ éducation, mais trop peu s’ en tirent avec un diplôme. En effet, même si les données sur le nombre de diplômés sont limitées et que le taux de réussite scolaire varie grandement d’ une communauté à l’ autre, la triste réalité est qu’ à l’ heure actuelle, environ 75 % des Inuits ne terminent pas leur secondaire. Et de ceux qui y parviennent, bon nombre se retrouvent avec des connaissances et des compétences plus sommaires que celles qu’ acquièrent les non-Autochtones du Sud, parce que certains cours ne sont pas donnés dans leur communauté. D’ ailleurs, les diplômes de certaines écoles secondaires ne sont pas reconnus dans les universités et collèges du Sud, alors les étudiants qui souhaitent s’ y inscrire doivent suivre des cours de rattrapage.

Le faible taux d’ éducation comporte son lot de conséquences sociales, à commencer par des chiffres supérieurs à la moyenne pour ce qui est du taux de chômage, du nombre de jeunes dans le système de justice pénale et du nombre de personnes malades ou vivant dans la pauvreté. Et l’ état socio-économique des choses ne fera qu’ empirer jusqu’ à ce qu’ un plus grand nombre de jeunes Inuits obtiennent un diplôme secondaire qui leur permettra de poursuivre leurs études par la suite.

Children sit in a large group and some raise their hand to answer a question
Des élèves de l’école primaire Nakasuk à Iqaluit.

Au Canada, l’ éducation est prodiguée aux Inuits par quatre systèmes publics couvrant deux provinces et deux territoires. Tous sont fondés sur des lois et des contextes historiques distincts, et gérés différemment. Il n’ y aura jamais un seul système scolaire pour tout l’ Inuit Nunangat, mais, depuis des décennies, les leaders inuits de toutes les régions réclament que des changements fondamentaux et complémentaires soient apportés aux systèmes en place pour qu’ ils garantissent l’ essor de leur langue et reflètent davantage leur culture, leur histoire et leur vision du monde. Aussi demandent-ils depuis des années qu’ une éducation de qualité soit donnée en langue inuite et que le français ou l’ anglais soient considérés comme des deuxièmes langues. Aujourd’ hui, de plus en plus de recherches d’ experts vont dans le sens de cette vision, ayant déterminé qu’ une bonne éducation prodiguée, aussi longtemps que possible, dans la langue maternelle de l’ élève constitue le plus important indice de réussite scolaire à long terme.

Plus que jamais, nous, Inuits, avons besoin de systèmes d’ éducation ambitieux pour pouvoir contribuer à la prospérité du pays. Dans les faits, pourtant, trop de nos enfants ne sont pas scolarisés, trop peu terminent leur secondaire, et il arrive que les diplômés n’ aient pas reçu une éducation conforme à la norme nationale. Le défi social qui en découle est le plus important de notre époque, à l’ heure où environ 56 % de notre population a moins de 25 ans. L’ augmentation du taux de réussite scolaire est une nécessité.

Nos systèmes d’ éducation sortent à peine de l’ ombre sinistre des pensionnats indiens, lesquels ont marqué de cicatrices profondes nos familles et nos communautés, et ébranlé notre confiance en nous. Pour rétablir la confiance des parents actuels, qui ont tant souffert de leur propre expérience scolaire, nous devons bâtir un système ancré dans la culture, l’ histoire et la vision du monde des Inuits. Un système qui respecte le rôle des parents. Les réussites récentes sur le plan des revendications territoriales ont prouvé notre capacité à nous réapproprier les aspects de notre vie qui constituaient jadis le fondement de communautés florissantes. Il est maintenant temps d’ appliquer cette même détermination à l’ élaboration de notre propre système d’ éducation.

Drawing of an igloo and a person wearing a parka using a drum
La création d’un enfant Inuit

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