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atlas des peuples autochtones du Canada

Structure familiale

Pour élever leurs enfants, les Inuits emploient des méthodes qui diffèrent largement de celles que l’ on retrouve dans le Sud du Canada. Aux yeux de quelqu’ un de l’ extérieur, les enfants inuits jouissent d’ une liberté considérable : quand ils ne vont pas à l’ école, ils se couchent beaucoup plus tard que les jeunes du Sud, leurs parents les nourrissent généralement quand ils ont faim et non en fonction d’ un horaire préétabli, et la discipline parentale est elle aussi bien distincte. Les non-initiés trouveront peut-être que les parents inuits ont l’ air indifférent ou qu’ ils sont trop permissifs, mais cette méprise est surtout attribuable à des distinctions culturelles.

Family of five sitting in snow and smiling
Image tirée des archives d’ Inuit Tapiriit Kanatami.

Coutumes de dénomination

Les Inuits croient que l’ « âme » – ou l’ esprit – d’ un parent ou d’ un membre de la communauté récemment décédé est transférée dans le nouveau-né. On donne ainsi au bébé le nom de cette personne. Cette « âme » peut se manifester chez l’ enfant de différentes façons, notamment dans son physique, ses aptitudes ou sa personnalité. Et comme l’ enfant porte en lui, d’ une certaine façon, une partie de celui ou celle dont il a hérité le nom, on lui doit le même respect et le même traitement qu’ à cette personne de son vivant. Il serait donc inapproprié de dire à un enfant quoi faire – ce serait comme donner des ordres à un aîné ou à un autre adulte, ce qui irait à l’ encontre d’ importantes valeurs sociales de la culture inuite.

Ces croyances expliquent pourquoi les parents inuits accordent à leurs enfants une plus grande liberté que d’ autres n’ oseraient le faire. Les jeux des enfants sont très peu balisés, tant que ces derniers ne courent aucun risque de se blesser, de blesser les autres ou d’ endommager des biens importants, comme de la nourriture ou de l’ équipement de chasse. Mais il ne faut pas voir dans cette façon de faire une permissivité absolue, puisqu’ elle comporte également certaines limites. Par exemple, un enfant peut recevoir de l’ affection ou la meilleure portion de nourriture quand il en fait la demande, mais il sera aussi ignoré s’ il boude ou fait une crise, car lui donner de l’ attention serait considéré comme une intrusion qui pourrait ralentir le développement de son raisonnement.

Ce qui ne veut pas dire que la discipline est inexistante. Les jeunes enfants sont maîtrisés s’ ils persistent à s’ adonner à une activité qui présente un danger. Les membres de la famille plus âgés leur signifient verbalement, de manière subtile, tout agissement inapproprié, et les taquineries servent à attirer l’ attention sur un comportement inadéquat. Les enfants plus vieux reçoivent rarement des punitions physiques. Lorsque cela se produit, comme dans bien des cultures, il s’ agit généralement d’ une manifestation de la frustration ou de la colère du parent, qui n’ a pas de véritable visée éducative. Pour guider les actions des enfants plus âgés, on préfère parler de leur comportement avec quelqu’ un d’ autre en veillant à ce qu’ ils entendent la conversation plutôt que de les confronter directement.

Ces croyances expliquent pourquoi les parents inuits accordent à leurs enfants une plus grande liberté que d’autres n’oseraient le faire.

A group of 8 women preparing food
Meeka Serkoak, Tracy Sarazin, Joyce Ford, Irina Yerashevich, Anna Claire Ryan, Looee Okalik, Maria Wilson et Brenda Jararuse préparent la nourriture pour un événement communautaire.

Naissance

Selon la tradition, au moment d’ accoucher, la mère recevait l’ aide d’ une femme plus âgée et expérimentée. Celle-ci était également à l’ affût d’ indices qui pourraient révéler l’ avenir et le caractère de l’ enfant. Après avoir vu le jour, le bébé prenait place sur la plateforme de couchage de sa famille aux côtés de sa mère, qu’ il ne quitterait pratiquement plus. En effet, il demeurait enveloppé dans la poche du large capuchon de l’ amauti maternel (un parka servant à transporter le bébé sur son dos), ou encore blotti à l’ avant à l’ heure d’ être nourri. C’ est ainsi emmitouflé dans l’ amauti que le bébé passait le plus clair de ses premières années, au cours desquels il était le chouchou de la famille. On donnait généralement aux filles plus âgées des tâches liées aux soins des jeunes enfants.

Allaitement

Toujours d’ après la tradition, la mère sevrait l’ enfant au moment où elle retombait enceinte. L’ âge moyen du sevrage était donc de trois ans, mais il n’ était pas rare que des enfants de quatre ou cinq ans soient encore nourris au sein si un plus jeune n’ était pas venu prendre leur place. Le sevrage était une étape difficile pour l’ enfant, puisqu’ elle marquait la fin de la période où il était le centre de l’ attention familiale.

On incitait ensuite graduellement l’ enfant à adopter des comportements plus adultes, comme la maîtrise de soi, la patience, la générosité et la prévenance. Ces comportements étaient soigneusement inculqués aux jeunes enfants qui, en grandissant, devaient se rendre de plus en plus utiles à la maison, et commencer à développer des compétences pour leur avenir. Les filles se voyaient attribuer des responsabilités généralement plus tôt que les garçons, et elles devaient, parfois dès l’ âge de quatre ans, aider à prendre soin de leurs plus jeunes frères et sœurs. Les enfants apprenaient également à respecter les aînés en étant attentifs à leurs besoins et en obéissant à leurs conseils. Lorsqu’ ils devenaient plus grands, ils avaient le loisir de suivre ou non ces conseils sans craindre de remontrances.

Adoption

Chez les Inuits, les liens qui unissent les enfants et les adultes sont beaucoup plus flexibles que dans le reste de la société canadienne. Il n’ est pas rare de voir des enfants se ruer d’ un foyer à l’ autre, s’ arrêtant pour une courte visite avant de s’ élancer vers la prochaine demeure. Tous les adultes peuvent exercer leur autorité au moment de discipliner, d’ éduquer ou de manifester son mécontentement quant à un comportement inapproprié, mais c’ est habituellement la famille immédiate qui est responsable de l’ enfant.

La souplesse de ces liens s’ applique également aux pratiques d’ adoption. Un enfant qui perd ses parents n’ est pas montré du doigt dans la société inuite. Les orphelins sont accueillis à bras ouverts dans une autre famille, généralement celle d’ un proche parent. Un couple incapable de concevoir peut demander à un autre qui a une grande famille de le laisser adopter son prochain enfant. En cas de refus, ce couple pourrait adresser sa requête à des parents ou des amis éloignés. Un enfant adopté sait qui sont ses parents biologiques, mais il est d’ abord et avant tout dévoué à ses parents adoptifs. En règle générale, la mère biologique entretient une relation spéciale avec l’ enfant et reste présente dans sa vie.

A close up of two women dressed in warm clothes smiling towards the camera
Anna Fowler et Teevi MacKay se promenant sur la terre au Nunavik.

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