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atlas des peuples autochtones du Canada

La Commission de vérité et réconciliation

Ry Moran dirige le Centre national pour la vérité et réconciliation. Au nom de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, il a contribué à recueillir près de 7 000 déclarations d’ anciens élèves des pensionnats indiens et d’ autres personnes touchées par ce système. Membre de la Nation métisse et fier de l’ être, il est immensément honoré et heureux d’ avoir pu être utile aux survivants, aux victimes de traumatismes intergénérationnels et à tous les Autochtones.

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Ry Moran

IL EXISTE DEUX GRANDS POINTS DE VUE du pays que nous appelons le Canada : celui des peuples autochtones, et celui des dizaines de millions de personnes de différents horizons venues y fonder un foyer. Si le point de vue des premiers se compose de perspectives diverses et variées, un fait demeure central : les terres traditionnelles, les pratiques, les valeurs, les cultures, les langues, les systèmes et les accords des peuples autochtones ont systématiquement été attaqués, démantelés et détruits par l’ État canadien.

En 2008, à l’ issue d’ un litige de masse et du cri du cœur des survivants des pensionnats indiens réclamant justice et guérison, le Canada met sur pied la Commission de vérité et réconciliation; elle a pour mandat de faire entendre les survivants, ainsi que de transformer le récit national, recommandant l’ abandon pur et simple de la culture de domination et d’ oppression au profit d’ une culture de respect, de réciprocité et de compréhension.

Sans nul doute, les Autochtones ont cru à cette relation de partenariat égalitaire depuis leur rencontre avec les nouveaux arrivants : des traités furent signés dans un esprit et une optique de respect mutuel et de réciprocité, des cérémonies eurent lieu pour entériner cette nouvelle relation. Dans les régions où aucun traité ne fut signé, on crut que perdureraient l’ autodétermination et l’ autonomie qui y régnaient depuis des millénaires.

Mais à mesure que l’ État s’ immisçait dans chacun des aspects de la vie des Autochtones, la résistance aux politiques d’ assimilation forcée du Canada s’ organisait parmi les communautés, les nations et les peuples autochtones : les aînés tenaient des cérémonies clandestines, les familles luttaient désespérément contre la disparition de leur langue, et les communautés fondaient des structures politiques, sociales et économiques officielles pour se protéger des tentatives répétées visant à éradiquer les peuples et les points de vue autochtones du Canada.

Le pays a aujourd’ hui, en tant que nation, l’ occasion de souligner le rôle décisif qu’ a joué cette résistance à toute épreuve; c’ est grâce à elle, et par la résurrection des pratiques, du savoir et du cadre des droits autochtones, que le Canada peut incarner la nation qu’ il a toujours été : un pays où coexistent nombre de traditions, d’ identités et de systèmes riches qui, ensemble, apportent un antidote aux nombreuses crises et tensions sociales de fond que connaît toute société.

À cet égard, la réconciliation implique de cesser les attaques à l’ encontre du savoir et du mode de vie autochtone et de collaborer, à partir de maintenant, dans un esprit de compréhension et de respect mutuels.

Mais à mesure que l’ État s’ immisçait dans chacun des aspects de la vie des Autochtones, la résistance aux politiques d’ assimilation forcée du Canada s’ organisait parmi les communautés, les nations et les peuples autochtones..

Dans le présent atlas, la partie portant sur les pensionnats indiens aborde certains des aspects les plus dévastateurs des politiques d’ assimilation forcée menées au Canada : des enfants inuits, membres des Premières Nations et métis ont été arrachés à leur famille et placés dans ces établissements, où ils n’ avaient d’ autre choix que d’ adopter une identité et des pratiques qui n’ étaient pas les leurs. Ceux qui se rebellaient étaient punis et violentés; les mauvais traitements de toutes sortes – physiques, spirituels, psychologiques et sexuels – étaient leur pain quotidien.

De même, en vertu de doctrines racistes comme la Loi sur les Indiens, on empêchait les parents de voir leurs enfants et de les garder à la maison, et on leur interdisait de se réunir et de faire appel à des avocats. L’ oppression était totale et omniprésente.

Mais le présent document n’ est pas uniquement un récit des pensionnats indiens; il fait aussi état des efforts de réconciliation auxquels consent actuellement le Canada. D’ un bout à l’ autre du pays, d’ innombrables enfants reposent sans sépulture, dans l’ attente qu’ on se souvienne d’ eux et qu’ on leur rende hommage. Certains des anciens pensionnats tombent en ruine; une grande majorité a déjà été détruite ou n’ a pas survécu à l’ œuvre du temps.

Le chemin qu’ il reste à parcourir vers l’ égalité, le respect et la justice correspond aux vastes écarts qui existent entre la santé et le bien-être des Autochtones et la protection des droits, des lieux, des espaces et de la mémoire culturelle autochtones.

Les autres volumes de l’ atlas montrent à notre société une nouvelle voie, vers un portrait plus juste de l’ histoire telle qu’ elle s’ est déroulée et une évocation de la terre, des cultures et des identités qui existaient avant que le pouvoir occidental ne vienne tracer des frontières et diviser familles et communautés.

Il est crucial de faire ressurgir ces connaissances immémoriales sur notre territoire si nous voulons créer un nouveau récit national, car en se libérant du carcan de l’ identité canadienne, elles présentent une autre façon de voir les choses – dans le respect du territoire et de la longue et riche histoire des peuples autochtones. Cette conception nous propulse dans une nation où coexistent de multiples formes de souveraineté, un cadre respectueux où les aspirations politiques et sociales des Autochtones et non-Autochtones s’ unissent dans une vision commune et vers un destin commun, pour une société plus forte, plus juste et plus durable.

Ces volumes contribueront à expliquer aux jeunes canadiens des générations futures ce qu’ implique leur identité nationale, c’ est-à-dire assumer les promesses faites lors de la signature des premiers traités et respecter le concept de terres non cédées. Qui plus est, ils constitueront un socle de réflexion à l’ intention de tous les Canadiens sur ce qu’ implique le fait d’ assumer les tentatives répétées et omniprésentes des gouvernements pour éradiquer le sens et le contexte des lieux et espaces autochtones de notre pays.

Le tort causé aux peuples autochtones n’ est pas un problème uniquement pour eux; c’ est un problème canadien dont les préjudices ne peuvent être réparés que si tous les habitants du pays en endossent la responsabilité. Le premier commissaire de la Commission de vérité et réconciliation, Wilton Littlechild, a récemment décrit l’ occasion qui nous était offerte à tous en ces mots : « Si deux personnes marchent sur une voie ferrée, chacune en équilibre sur son rail, elles n’ iront pas bien loin. Mais si elles se tiennent par la main et qu’ elles marchent ensemble, alors elles pourront parcourir une plus grande distance. 

Le tort causé aux peuples autochtones n’ est pas un problème uniquement pour eux; c’ est un problème canadien dont les préjudices ne peuvent être réparés que si tous les habitants du pays en endossent la responsabilité

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Boîte en bois cintré de la Commission de vérité et réconciliation, gravée par l’ artiste Luke Marston, Salish de la côte.

C’ est à nous – Autochtones et non-Autochtones – de marcher ensemble, côte à côte, vers un pays juste et équitable. Tournons le dos à l’ époque où les peuples autochtones devaient suivre la voie tracée par ceux qui disaient savoir ce qui est bon pour eux. Les présents volumes offrent à tous les Canadiens les précieux outils qui leur donneront les moyens d’ atteindre cet objectif; j’ espère que vous les trouverez instructifs. Ensemble, si nous le voulons, nous pouvons transformer le Canada en un pays que nous serons tous fiers d’ appeler « notre nation »

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