EN | FR

atlas des peuples autochtones du Canada

Justice

Rick Harp, animateur et producteur du balado hebdomadaire MEDIA INDIGENA sur les affaires autochtones, cumule des décennies d’ expérience à la télévision et à la radio, notamment au Réseau de télévision des peuples autochtones, à CBC Radio et à CKCU FM. Citoyen de la Nation crie de Peter Ballantyne, au nord de la Saskatchewan, il habite aujourd’ hui à Winnipeg.

Sur les nombreux territoires autochtones que l’ on désigne collectivement, depuis 150 ans, sous le nom de Canada, ont été parlées pendant des millénaires une multitude de langues ancestrales qui, malgré toutes les tentatives d’ annihilation déployées par les colons – tentatives que certains qualifient de linguicide prémédité –, n’ ont pas encore rendu l’ âme. Aujourd’ hui, la question des langues peut sembler secondaire quand on la confronte aux problèmes de pauvreté, de racisme, d’ accès à l’ eau et de logement qui affectent nos peuples, pour ne nommer que ceux-là. Mais pour des activistes comme Lorena Fontaine, la langue est au cœur même de notre identité.

La militante et artiste mohawk Ellen Gabriel faisant une allocution à Ottawa, 2015.

D’ ascendance crie et anishinaabee, Lorena est membre de la Première Nation de Sagkeeng de son côté paternel, et de la Nation crie d’ Opaskwayak de son côté maternel, deux communautés du Manitoba. Au début des années 2000, tandis qu’ elle travaillait sur les revendications liées aux pensionnats indiens, elle a commencé à entendre dire que bon nombre de peuples autochtones voulaient demander réparation pour la perte de leur langue et de leur culture dans ces établissements – qui visaient principalement à faire disparaître ces deux choses. En effet, au-delà des indemnisations individuelles, de nombreux survivants voulaient avoir l’ assurance que leurs enfants et leurs petits-enfants seraient en mesure d’ apprendre leur langue et de pratiquer leur culture. Et ce n’ est malheureusement pas ce qui se passe aujourd’ hui.

Une fois en place, la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens ne s’ est pas attaquée directement à la perte de la langue et de la culture. Aucun plan n’ a été mis en branle pour que les langues autochtones soient restaurées à leur juste valeur. À l’ époque, de nombreux avocats ont déclaré que rien dans la Constitution ne reconnaissait de droits aux peuples autochtones en matière de langue et de culture. « J’ étais fâchée, explique Lorena. J’ ai commencé à en parler et je suis retournée à l’ université pour obtenir mon doctorat sur le sujet. J’ y travaille depuis 2008. »

Elle est formelle : « La langue fait partie intégrante de qui nous sommes; elle englobe notre vision du monde. Si elle n’ est pas préservée dans nos communautés, c’ est une part importante de notre identité qui s’ envole. La situation est critique : si nous ne faisons rien dans les cinq à dix prochaines années, nous allons perdre les langues qui ont subsisté jusqu’ à aujourd’ hui. »

Comme de nombreux Autochtones, Lorena est personnellement et profondément touchée par la question. Ses parents et ses grands-parents ont fréquenté des pensionnats indiens. Sa mère n’ avait que trois ans quand elle a été arrachée à sa communauté. Mais au contraire de nombreux enfants enlevés en bas âge, elle a continué à parler couramment le cri : ses parents y ont veillé après l’ avoir retirée de l’ école et cachée sur leur territoire de trappe familial.

Maintenant que Lorena a une fille de 11 ans, l’ urgence est d’ autant plus palpable. « À l’ heure actuelle, ma fille n’ a nulle part où apprendre sa langue. Une partie de mon travail consiste à assurer l’ avenir de nos enfants, à faire en sorte que leur langue soit accessible. »

La langue fait partie intégrante de qui nous sommes; elle englobe notre vision du monde.

D’ ascendance crie et anishinaabee, Lorena est membre de la Première Nation de Sagkeeng de son côté paternel, et de la Nation crie d’ Opaskwayak de son côté maternel, deux communautés du Manitoba. Au début des années 2000, tandis qu’ elle travaillait sur les revendications liées aux pensionnats indiens, elle a commencé à entendre dire que bon nombre de peuples autochtones voulaient demander réparation pour la perte de leur langue et de leur culture dans ces établissements – qui visaient principalement à faire disparaître ces deux choses. En effet, au-delà des indemnisations individuelles, de nombreux survivants voulaient avoir l’ assurance que leurs enfants et leurs petits-enfants seraient en mesure d’ apprendre leur langue et de pratiquer leur culture. Et ce n’ est malheureusement pas ce qui se passe aujourd’ hui.

Une fois en place, la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens ne s’ est pas attaquée directement à la perte de la langue et de la culture. Aucun plan n’ a été mis en branle pour que les langues autochtones soient restaurées à leur juste valeur. À l’ époque, de nombreux avocats ont déclaré que rien dans la Constitution ne reconnaissait de droits aux peuples autochtones en matière de langue et de culture. « J’ étais fâchée, explique Lorena. J’ ai commencé à en parler et je suis retournée à l’ université pour obtenir mon doctorat sur le sujet. J’ y travaille depuis 2008. »

Elle est formelle : « La langue fait partie intégrante de qui nous sommes; elle englobe notre vision du monde. Si elle n’ est pas préservée dans nos communautés, c’ est une part importante de notre identité qui s’ envole. La situation est critique : si nous ne faisons rien dans les cinq à dix prochaines années, nous allons perdre les langues qui ont subsisté jusqu’ à aujourd’ hui. »

Comme de nombreux Autochtones, Lorena est personnellement et profondément touchée par la question. Ses parents et ses grands-parents ont fréquenté des pensionnats indiens. Sa mère n’ avait que trois ans quand elle a été arrachée à sa communauté. Mais au contraire de nombreux enfants enlevés en bas âge, elle a continué à parler couramment le cri : ses parents y ont veillé après l’ avoir retirée de l’ école et cachée sur leur territoire de trappe familial.

Maintenant que Lorena a une fille de 11 ans, l’ urgence est d’ autant plus palpable. « À l’ heure actuelle, ma fille n’ a nulle part où apprendre sa langue. Une partie de mon travail consiste à assurer l’ avenir de nos enfants, à faire en sorte que leur langue soit accessible. »

Manifestation de la nation Wet’ suwet’ en, Prince George, Colombie-Britannique, 2010.

Lorena a commencé par s’ adresser à certaines Premières Nations pour sonder leur volonté d’ entamer une contestation judiciaire au sujet des langues. Mais des nombreuses intéressées, aucune ne pouvait endosser les coûts potentiellement exorbitants associés au processus. Puis, en 2015, Justin Trudeau a été élu premier ministre, et Lorena et ses collègues ont rencontré des représentants de son gouvernement. Ces derniers se sont déclarés en faveur des droits ancestraux et ont affirmé vouloir établir des consultations pour trouver la meilleure façon de mettre en place des lois fédérales sur les langues autochtones.

De telles lois n’ existent pas encore, mais Lorena et son équipe ont déjà une idée de ce qu’ elles devraient renfermer, à commencer par des politiques qui permettraient aux enfants d’ apprendre leur langue et leur culture à l’ école, et qui rendraient ces langues bien vivantes. Selon Lorena, l’ accent devrait être mis en priorité sur des programmes de formation des enseignants, puisque les professeurs de langues autochtones sont peu nombreux. Des ressources et des programmes garantis doivent également être accessibles aux communautés qui en ont besoin.

Autre défi important : faire en sorte que les langues restent vivantes. Et Lorena entrevoit déjà comment le relever : « Les membres de nos communautés doivent pouvoir parler leur langue au quotidien, que ce soit lors d’ assemblées communautaires ou en allant acheter du lait. Il en va de même pour nos lois. Quand on parle d’ autonomie sur le plan de la gouvernance et des valeurs, tout cela part des langues. » Elle ajoute que la formation des enseignants et la création de curriculums pourraient créer une économie autour de l’ enseignement et de l’ apprentissage des langues.

En attendant de savoir si le gouvernement fédéral apportera un soutien à l’ immersion et reconnaîtra le droit des enfants à l’ apprentissage de leur langue, Lorena travaille, avec l’ organisme communautaire Manitoba Aboriginal Languages Strategy, à la mise au point d’ approches de revitalisation dans la province. « Je veux me rendre dans les communautés et observer un essor des programmes d’ immersion. Je veux que les enfants qui sortent des écoles soient de fiers locuteurs de leur langue ancestrale. »

Commandez maintenant

sur Amazon.ca ou Chapters.Indigo.ca, ou communiquer avec votre libraire ou marchand éducatif préféré