Couture et vêtements traditionnels
D’ hier à aujourd’ hui, les Inuits se sont toujours vêtus de peaux de caribou et de phoque, des matériaux durables et faciles à obtenir qui leur ont permis de survivre dans un climat qui a eu raison de plus d’ un.
Le caribou est une denrée importante pour les Inuits du Caribou, et il en a toujours été ainsi. Les peaux de l’ animal sont elles aussi très précieuses. On s’ en sert pour fabriquer des vêtements et des tentes d’ été, pour couvrir les igloos au printemps et les plateformes de couchage, et pour fabriquer des coussins et des bases de qamutik (traîneau). L’ épaisseur du pelage varie d’ une saison à l’ autre, ce qui signifie que les peaux doivent être obtenues à différents moments selon la fonction qui leur est destinée. Comme les poils du caribou sont creux, ils emprisonnent la chaleur près du corps, ce qui fait de leur peau un excellent isolant. Pour la même raison, les vêtements en peau de caribou ont la particularité de bien flotter.
Les vêtements des Inuits, qui ne sont pas identiques chez les hommes, les femmes et les enfants, sont bien adaptés au climat et aux activités nécessaires à la survie.
Le traitement des peaux est une compétence en soi. Le tannage se fait sans produits chimiques;
la peau est travaillée jusqu’ à ce qu’ elle devienne souple. Les vêtements des Inuits, qui ne sont pas identiques chez les hommes, les femmes et les enfants, sont bien adaptés au climat et aux activités nécessaires à la survie. Ceux en peau de caribou doivent être entretenus fréquemment et selon des méthodes particulières.
L’ assemblage de vêtements en peau de caribou est complexe et demande beaucoup de temps. Même les tâches les plus simples exigent une expertise approfondie et l’ usage des outils adéquats. Jadis, les femmes ne se servaient pas de rubans à mesurer. Elles comparaient plutôt la taille de la personne à qui était destiné le vêtement à celle de leur mari, dessinaient à la main les différentes pièces sur la peau à l’ aide d’ un os pointu, puis les découpaient en se servant d’ un ulu (couteau en forme de demi-lune employé par les femmes) ou d’ un petit couteau en angle à manche en bois.
Le fil était fait du tendon argenté d’ un caribou, dont on retirait la viande et conservait la membrane pour la gratter, la sécher et la diviser en fils.
Avant l’ arrivée des commerçants, on perçait parfois la peau à l’ aide d’ un poinçon fin pour faire passer le fil. On utilisait également des aiguilles faites d’ éclats d’ os pointus, ou façonnées dans du cuivre, s’ il y en avait dans la région. L’ arrivée des aiguilles en acier dans les postes de traite a fait le bonheur de nombreuses femmes inuites.
ypes de vêtements
Il y a longtemps, chaque personne possédait habituellement deux tenues en peau de caribou. Les vêtements d’ hiver avaient deux couches; à l’ intérieur, la fourrure était collée sur le corps, tandis qu’ elle était apparente à l’ extérieur. On ne portait pas de sous-vêtements. Le parka masculin se nomme qulittaq, et sa doublure est appelée attigi.
Les tout-petits portaient des « combinaisons », que l’ on appelle atayuq, confectionnées dans une seule pièce de cuir de caribou pour ne pas que le vêtement remonte et expose la peau de l’ enfant. On utilisait l’ arrière de la tête du caribou pour fabriquer le capuchon, et on laissait parfois les oreilles pour décorer. Une fente était taillée entre les jambes pour que l’ enfant puisse faire ses besoins sans qu’ on ait à lui enlever son vêtement. Les mères portaient un amauti, c’ est-à-dire un parka spécial muni d’ un grand capuchon qui faisait une poche à l’ arrière pour le transport des bébés. Le nourrisson était blotti contre le dos nu de sa mère, qui portait une ceinture autour de la taille pour le retenir. Elle pouvait ainsi le sortir rapidement si elle sentait qu’ il avait besoin de se soulager. Les épaules de l’ amauti étaient larges, de sorte que la mère pouvait retirer ses bras
des manches et tenir le bébé à l’ intérieur dans différentes positions.
La friction des bras le long du corps usait habituellement les vêtements de caribou en un an – il fallait donc confectionner une nouvelle tenue chaque année pour chaque membre de la famille. On conservait les anciens vêtements pour les porter pendant que les nouveaux étaient réparés ou assouplis. C’ est généralement aux femmes que revenait le dur labeur de la fabrication et de l’ entretien des vêtements, des tâches qui étaient constamment à recommencer.
À chaque fonction sa saison
En août, les caribous ont le poil court. Leur peau foncée est alors malléable et tout indiquée pour la confection de vêtements. En septembre et en octobre, quand le pelage est plus fourni, on se sert plutôt des peaux pour fabriquer la couche externe des parkas et des pantalons. Celles que l’ on obtient au début de l’ hiver sont utilisées pour la literie, les chaussures, les moufles et les couches pour bébé. Au milieu de l’ hiver, elles sont idéales pour revêtir un traîneau ou mettre sous les peaux de couchage dans l’ igloo. Au printemps ou au début de l’ été, on ne conserve généralement pas les peaux, puisqu’ elles perdent leurs poils et sont rongées par les hypodermes, des parasites qui migrent sur le dos de l’ animal vers la fin du printemps et percent des trous dans le cuir pour respirer. Ils s’ échappent ensuite par ces trous pour se pupéfier sur le sol.
Traitement des peaux de caribou
Les caribous dont la peau est destinée à la confection de vêtements sont écorchés selon une technique particulière – les hommes savent ce dont leurs femmes ont besoin. La majorité des membranes et de la graisse sont retirées lors du processus d’ écorchage, au terme duquel la peau est prête pour les étapes suivantes. Autrefois, on n’ avait pas recours à des procédés chimiques pour tanner ou enfumer les peaux, puisqu’ on n’ avait pas accès aux produits et aux combustibles nécessaires. Les femmes, et occasionnellement les hommes, se contentaient alors de les gratter et de les « travailler ». Pour nettoyer les traces de sang, on bat la peau à la semelle dans la neige, ou on plonge la partie tachée dans l’ eau froide. Le matériel est ensuite essoré à l’ aide d’ un grattoir en ramure ou tordu.
Puis, à l’ aide d’ un ulu ou d’ un grattoir en métal, on racle l’ intérieur de la peau pour en éliminer toute graisse ou membrane restante. La peau est alors étendue au soleil, directement sur le sol avec la fourrure en dessous ou sur des piquets de bois à 10 centimètres de hauteur pour que l’ air puisse circuler. Elle peut être traitée avec ou sans la fourrure – qu’ on retire le cas échéant à l’ aide d’ un ulu. On peut également immerger la peau jusqu’ à ce que les poils commencent à « glisser », ce qui facilite
leur extraction.
S’ il est nécessaire d’ assouplir la peau davantage, on la mouille et la plie pour la laisser reposer quelques heures, avant de la gratter de nouveau avec un grattoir émoussé fait d’ os (parfois celui de l’ omoplate d’ un bœuf musqué ou d’ un gros caribou), de métal ou, plus rarement, de pierre. La peau est triturée dans tous les sens, et maintes fois rabattue sur elle-même. On peut la plier pour la travailler avec les pieds, ou même la frapper avec un marteau contre une pierre. Toutes ces manipulations servent à étirer les fibres pour créer un cuir souple. C’ est à cette étape que l’ on répare les entailles dans la peau, s’ il y en a.
Entretien des vêtements en peau
Les peaux qui ne sont pas traitées avec des produits chimiques absorbent l’ humidité et risquent de pourrir. Les vêtements enneigés qui sont amenés au chaud se retrouveront trempés, ce qui fera durcir leur cuir. C’ est pourquoi il faut veiller à enlever toute la neige qui les recouvre avant d’ entrer.
C’ est la femme de la maison qui s’ occupe des vêtements. Elle doit tout assécher aussi vite que possible, et retravailler le cuir pour l’ assouplir. Cela implique souvent de mâcher les sections qui ont durci – particulièrement dans le cas des kamiit (bottes). Aujourd’ hui encore, il n’ est pas rare de rencontrer des aînées aux dents érodées jusqu’ aux gencives après avoir si souvent accompli cette tâche.
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