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atlas des peuples autochtones du Canada

L’ histoire des pensionnats indiens du Canada

coloured map of residential schools locations within Canada
Residential School Locations

Ouverts pendant plus de 160 ans, les pensionnats canadiens ont été fréquentés par plus de 150 000 enfants. Ces écoles, financées par le gouvernement fédéral et dirigées par les églises, se trouvaient dans l’ ensemble des provinces et territoires, exception faite de l’ Île‑du-Prince‑Édouard, de Terre‑Neuve et du Nouveau-Brunswick. C’ est en 1996, en Saskatchewan, qu’ a fermé le dernier pensionnat. Les enfants métis, inuits et membres des Premières Nations devaient quitter – bien souvent contre leur gré – leur famille et leur communauté pour aller dans ces établissements, où il leur fallait délaisser leurs traditions, leurs pratiques culturelles et leur langue. Le système des pensionnats n’ était qu’ un des moyens prévus dans un plan plus ambitieux de colonisation et d’ « assimilation forcée » des peuples et territoires autochtones du Canada. 

Le gouvernement canadien a poursuivi cette politique de génocide culturel parce qu’ il souhaitait se départir des obligations légales et financières qui lui incombaient envers les peuples autochtones et reprendre le contrôle de leurs terres et de leurs ressources. Si chaque Autochtone avait été « intégré à la société », il n’ y aurait plus de réserves, plus de traités et plus de droits autochtones.

– Commission de vérité et réconciliation du Canada, Honorer la vérité, réconcilier pour l’ avenir : Sommaire du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, p. 3.

Le système de pensionnats fédéral date de 1883 environ, mais les pensionnats sont apparus plus tôt dans l’ histoire. Dès 1832 – bien avant la formation de la Confédération en 1867 –, des membres de l’ Église anglicane ont fondé un pensionnat à Brantford, en Ontario. Et, depuis les années 1650, les communautés religieuses bâtissaient des écoles spécialement pour les enfants autochtones. Dans les débuts, c’ est surtout dans l’ est du Canada qu’ on trouvait ces écoles, mais elles ont fini par gagner l’ ouest des Grands Lacs, suivant le déplacement des missionnaires et le mouvement de la colonisation.

Le gouvernement et les Églises du Canada ont fondé le système des pensionnats pour régler la « question indienne » dans le pays, c’ est-à-dire parer à l’ apparente menace que représentaient les peuples autochtones, vus comme des obstacles à la construction de cette jeune nation qu’ était le Canada. Ils ont mis sur pied un système inspiré des écoles aux États Unis et dans les colonies britanniques, où les administrations et les puissances coloniales fondaient de grands pensionnats industriels pour convertir des masses d’ enfants pauvres et autochtones au catholicisme ou au protestantisme et en faire de bons ouvriers. En Irlande, en Afrique du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande, de même qu’ en Suède dans le cas des enfants autochtones lapons, les colonisateurs nouvellement arrivés se servaient des pensionnats pour revendiquer des terres traditionnellement occupées par des peuples autochtones. Le Canada a adopté ce modèle pour forcer les enfants métis, inuits et membres des Premières Nations à adopter les traditions, les langues et les modes de vie de l’ Europe.

Le mieux que l’ on puisse faire avec les Indiens, c’ est de les prendre quand ils sont tout jeunes. Les enfants doivent rester constamment dans un milieu civilisé.

– Nicholas Flood Davin, Rapport sur les écoles industrielles pour les Indiens
et les Sangs mêlés, 1879.

Je veux me débarrasser du problème indien. En fait, je ne crois pas que le pays devrait continuer de protéger une classe de personnes capables d’ être autonomes […]. Notre objectif est de continuer jusqu’ à ce qu’ il n’ y ait plus un seul Indien au Canada qui n’ ait pas été absorbé dans la société, jusqu’ à ce qu’ il n’ y ait plus de question indienne ni de ministère des Affaires indiennes. Voilà l’ objet de ce projet de loi.

– Duncan Campbell Scott, ministère des Affaires indiennes, 1920.

Au départ, le système de pensionnats était surtout axé sur les activités industrielles et agricoles. En 1900, on comptait 22 écoles industrielles et 39 pensionnats au Canada. En 1931, le système connaissait son apogée : il comportait 80 écoles en activité et, même si la plupart étaient des pensionnats, elles abritaient bien souvent des activités industrielles dans de grands jardins, des granges, des ateliers et des salles de couture.

À l’ origine, ce sont les églises catholiques et protestantes qui ont en grande partie décidé de l’ emplacement des pensionnats et du mode de développement du système. Des agents des Indiens du gouvernement et des administrateurs issus d’ un vaste éventail de ministères ont joué un rôle primordial dans le développement et le maintien du système de pensionnats. Parmi les premières écoles, beaucoup ont été construites près de missions existantes.

Durant presque toute la période des pensionnats, la qualité de l’ éducation était médiocre, et les bâtiments insalubres. Les premières écoles étaient notoirement inadéquates, sous-financées et mal gérées. Selon les témoignages des survivants et du personnel, les bâtiments étaient souvent délabrés, parfois au point d’ en être dangereux. Il n’ était d’ ailleurs pas rare que les écoles prennent feu; plusieurs ont même été réduites en cendres pour se voir rebâties plus tard. Dans le Nord, il arrivait qu’ on manque de tentes et d’ abris temporaires. Les écoles apparues plus tard étaient faites de briques et de mortier : leur style architectural massif visait à illustrer le caractère permanent des politiques éducatives du gouvernement à l’ endroit des peuples autochtones. Même si ces écoles étaient mieux que les précédentes, elles offraient encore une piètre qualité de vie, les jeunes autochtones y étant mal logés et mal nourris.

Pour beaucoup de gens, les pensionnats sont devenus un symbole du traumatisme vécu par les enfants autochtones sous la férule du personnel des établissements. Et, même après la fermeture de leurs portes, ils sont restés des lieux qu’ il est troublant de visiter. C’ est pourquoi certaines écoles ont été volontairement démolies ou incendiées par d’ anciens pensionnaires et membres des communautés environnantes. Seuls quelques bâtiments subsistent de nos jours.

En tout et pour tout, on compte 139 établissements reconnus par le gouvernement fédéral comme ayant appartenu au système de pensionnats. Toutefois, ce nombre ne tient pas compte des centaines d’ écoles de missionnaires, d’ écoles de jour et d’ autres établissements scolaires d’ assimilation imposés aux communautés autochtones.

Si peu de pensionnats ont perduré jusqu’ à aujourd’ hui, encore plus rares sont ceux qu’ on peut visiter sans danger. Dans certains cas, les établissements ont été reconvertis, par exemple en espaces d’ apprentissage, en centres culturels, en hôtels, en « lieux de mémoire » ou en lieux où honorer les survivants et reconnaître le terrible legs des pensionnats

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